Diamonds are forever est le titre du livre le plus récent de Jean Rault.
Il rassemble plus d’une centaine de portraits nocturnes des 17 dernières années, réalisés dans un studio improvisé, backstage, après les spectacles que donnent des créatures de la nuit à Kyoto, le dernier vendredi du mois, entre minuit et 3h du matin, dans la partie désaffectée d’une station de métro devenue boîte de nuit ; c’est un moment coloré, pétillant, un peu fou.
Sur le mode de la citation, sont chantés en playback des morceaux de music-hall, des chansons françaises, des tubes de la culture Pop, des classiques du Jazz ou des mélodies chinoises des années 60… Sont mélangés l’art, la fête, la performance, la grande époque des cabarets et un clin d’œil au « New Burlesque« .
Jean Rault les a rencontrés en 2000, lors du premier de ses quarante séjours au Japon.
Rituel mensuel : ces personnages dansent et chantent en souvenir de leur leader disparu : Teiji Furuhashi (1960-1995), artiste multimedia et danseur d’exception, mort prématurément du sida, à l’âge de 35 ans. Teiji était un personnage flamboyant, doté d’une intelligence du corps exceptionnelle et d’un sens de l’humour dévastateur. Un bel artiste !
Il avait créé la troupe de danse Dumb Type reconnue mondialement et parallèlement et cet événement mensuel Diamonds are forever, sorte de soupape burlesque en écho au sérieux de sa troupe de danseurs.
Ainsi, sous un aspect drôle qui frise souvent l’absurde, les amis de Teiji, professionnels de la danse ou de la musique ou amateurs qui se sont greffés sur le groupe, perpétuent son œuvre sur scène dans des costumes qu’ils fabriquent eux-mêmes.
De quel plus beau mémorial peut rêver un artiste de sa trempe (dans son sommeil éternel) ?
Un beau challenge guide aussi ce travail depuis le début : traduire la danse et la dynamique des corps dans des portraits photographiques sobres, et donc dans des images statiques par définition.
Les sujets représentés sont ceux d’un Japon « déhanché », « mal rasé », hors des sentiers touristiques balisés. Ce travail, que Jean Rault a considéré dès le début comme un échange d’artiste à artiste, s’inscrit dans la pratique du portrait plutôt frontal et sériel dans le sillage de ceux qu’il a toujours reconnus pour ses deux grands maîtres : August Sander et Diane Arbus.
Diamonds are forever a été publié grâce au concours du VOG,
Centre d’art à Fontaine (38600)
Cette série a été montrée en presque totalité au musée d’Onomichi au Japon il y a quelques mois dans le cadre de l’exposition Rendez-Vous.
102 tirages étaient collés directement sur les murs du musée.