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Jean-Paul Goude –Le magicien

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«Depuis plus de trente ans, s’exprimant à travers le dessin, l’affiche, la photo, le cinéma, la vidéo ou l’événement, Jean-Paul Goude a impressionné notre imaginaire. Des « minets » des années 1960 au mythique Esquire de la décennie suivante, du New York de Warhol et des cultures métissées à Grace Jones, dont il fut le «pygmalion», de l’éclatant défilé du bicentenaire à la célébration du « Style Beur » de Farida, des publicités Kodak ou Chanel aux variations sur Laetitia Casta, il a su chaque fois devancer l’air du temps et en donner une expression définitive. Ce que l’on sait peut-être moins c’est que ce travail par nature de « commande » n’est chez Goude que l’autre face d’une aventure profondément individuelle, d’un parcours (marqué en particulier par la rencontre, et l’exaltation, de quelques figures féminines) transmué en une sorte de mythologie personnelle. La vie et l’œuvre sont pour Goude profondément indissociables, ce qui donne obliquement à son travail un cachet très particulier, et l’élève au-dessus de la simple imagerie. »

(P Mauries)

Si, souvent, le terme de pygmalion a été utilisé en parlant de Jean-Paul Goude et de sa relation avec ses modèles et ses muses, Edgar Morin a préféré inventer le terme de Goudemalion, pour expliquer le plus justement possible la démarche de Jean-Paul Goude : « Le Pygmalion légendaire était un roi de chypre qui sculpta une statue à laquelle Aphrodite donna vie, puis épousa cette créature. Goudemalion, lui, sculpte une statue à partir de la femme qu’il épouse. Mais il n’en fait pas une statue de pierre, il en fait plus qu’une statue de chair douée d’âme, il en fait un être mythique où se transfigure la substance vivante, sans cesser d’être vivante, en créature de rêve et de légende. Ainsi Goude transforme et transfigure ses fantasmes, qui tournent autour du même trou noir de la Beauté féminine : il les transfigure en mythe »

Dans l’univers de Jean-Paul Goude il y a d’abord son enfance, un père qui lui inculquera le goût de l’élégance, une mère américaine danseuse, une passion pour les films musicaux américains des années 1950 et une fascination pour les cultures ethniques. Il y a ensuite ce goût du dessin puis de l’image sublimée qu’elle soit repeinte ou découpée.

Il débute sa carrière comme illustrateur pour Marie-Claire, Dim ou encore le Printemps qui en 1964 l’engage pour décorer le magasin Brummel, pour lequel il réalise la frise des « Minets », une immense fresque qui faisait le tour du magasin.

En 1969, harold hayes, directeur du magazine Esquire, auquel il avait fait parvenir ses dessins, lui commande un numéro spécial, puis le fait venir à Ny pour lui confier la direction artistique du magazine. S’il continue à produire des illustrations mémorables comme celle présentant le président Mao se baignant dans le yang Tsé en compagnie d’un Donald duck en plastique, il commence à travailler la photographie.

En 1976, pour son premier livre Jungle Fever, il photographie les communautés afro-américaines et hispaniques. Suit un numéro d’Esquire intitulé America dances pour lequel Goude réalise un article qui met en image Quatre groupes ethniques : blancs, noirs, hispaniques et gays. « C’est dans les gays bars de New York que le disco a vraiment commencé. C’étaient les premiers clubs intégrés où les noirs et les blancs faisaient la fête ensemble. Apparemment être blanc ou noir était beaucoup moins important que d’être homosexuel. Et les premiers à assimiler le feeling black, furent les homos blancs. » (Jungle Fever 1982)

C’est l’époque aussi, où il commence à appliquer les principes de la French Correction à la photographie. La French Correction ou « petit guide pour se mettre en valeur », relève de sa volonté ironique de magnifier le corps à l’aide de toutes sortes de prothèses. Il redessine, photographie le corps de ses compagnes, le transforme. « Mon travail tourne autour de la beauté. L’attirance que j’éprouve pour les mandarins mystérieux et les princesses africaines remonte à un désir inassouvi à la fois enfantin et refoulé de voyages dans des contrées lointaines. »

Si, souvent, le terme de pygmalion a été utilisé en parlant de Jean-Paul Goude et de sa relation avec ses modèles et ses muses, Edgar Morin a préféré inventer le terme de Goudemalion, pour expliquer le plus justement possible la démarche de Jean-Paul Goude : « Le Pygmalion légendaire était un roi de chypre qui sculpta une statue à laquelle Aphrodite donna vie, puis épousa cette créature. Goudemalion, lui, sculpte une statue à partir de la femme qu’il épouse. Mais il n’en fait pas une statue de pierre, il en fait plus qu’une statue de chair douée d’âme, il en fait un être mythique où se transfigure la substance vivante, sans cesser d’être vivante, en créature de rêve et de légende. Ainsi Goude transforme et transfigure ses fantasmes, qui tournent autour du même trou noir de la Beauté féminine : il les transfigure en mythe »

Dans l’univers de Jean-Paul Goude il y a d’abord son enfance, un père qui lui inculquera le goût de l’élégance, une mère américaine danseuse, une passion pour les films musicaux américains des années 1950 et une fascination pour les cultures ethniques. Il y a ensuite ce goût du dessin puis de l’image sublimée qu’elle soit repeinte ou découpée.

Il commence par « corriger » sa compagne Radiah, qu’il juche sur des chaussures à plateforme, la surélevant ainsi de son 1m72 initial à pratiquement 2 mètres et l‘« africanise » grâce à des scarifications autocollantes de sa fabrication, posées sur son visage. Il poursuit avec Toukie, à laquelle l’exposition consacre une salle dans laquelle sont présentés les moulages miniaturisés et transcendés de son corps. Il lui allonge les jambes et le cou, écarte les épaules, redessine ses seins et ses fesses.

Tel un chirurgien-artiste, Goude utilise ses ciseaux comme un scalpel, découpant directement les ektachromes pour retoucher l’image en la magnifiant. qu’il s’agisse de l’ex-culturiste Kellie Everts, de Toukie, de Grace Jones, ou encore Farida, il allonge, gomme, étire, démultiplie…

Grace Jones, sera sa muse idéale qu’il photographiera, découpera, repeindra, tordra en d’étranges arabesques tout en la mettant en scène dans différents spectacles musicaux d’une sophistication unique, surtout dans le contexte de l’époque. Par ailleurs il lui concevra toutes sortes de costumes tous plus spectaculaires les uns que les autres, dont une incroyable robe de maternité « constructiviste ». Cette période achevée, il retourne en France.

La publicité vient à lui et il signe alors certains des plus beaux films publicitaires du moment. D’Egoïste de Chanel en 1990 à Guerlain en 2008 en passant par Lee Cooper 1982, Citroën 1985, la saga des Kodak de 1986 à 1992, Dim 1988, Perrier 1990, etc…

Dans sa chronique du Monde, Pierre Georges qualifiera le film Coco de Chanel de « vrai chef-d’oeuvre de publicité, un merveilleux petit conte poétique. Ce n’est pas vouloir faire de la pub à cette pub que de le dire. »

En 1989, Jack Lang, alors ministre de la culture de François Mitterrand, l’invite à réaliser le défilé du Bicentenaire de la Révolution française. Avec sa maîtrise de la démesure, son humour et sa poésie, Jean-Paul Goude saura transformer l’austère défilé militaire en un conte de fée joyeux et multi-ethnique. « J’avais envie de faire défiler ceux qui ne défilent jamais, de jouer avec les codes, les clichés tout en les subvertissant.

Le thème central était les droits de l’homme, la multiplicité des ethnies, la mixité sociale ; nous étions au plus fort de l’utopie multiraciale. C’était un défilé très idéaliste, à la gloire de la famille humaine, qui devait se dérouler devant de nombreux chefs d’Etat, et célébrer l’idée de la Révolution en la sublimant »

Enfin, c’est depuis plus de 10 ans que Jean-Paul Goude et ses affiches incarnées par Laetitia Casta pour les Galeries Lafayette, font le bonheur des usagers du métro parisien et sont devenues un rendez-vous incontournable pour la France entière.

Goudemalion. Une rétrospective
11 novembre-18 mars, 2012

Musée des Arts Décoratifs
107, rue de Rivoli
75001 Paris

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