Un parcours atypique
Aujourd’hui, Jean Larivière se fait plus discret, mais il n’a jamais pour autant cessé d’œuvrer dans son atelier parisien. Une exposition au printemps dernier, dans une galerie du quartier Saint-Germain à Paris, nous remettait en mémoire son talent, à travers la présentation de quelques tirages. L’Œil de la Photographie a souhaité prolonger ce retour sur la scène artistique en lui dédiant une journée qui nous permette de revisiter quelques-unes des pièces majeures d’un parcours atypique. On se souvient qu’il s’est d’abord signalé par une recherche visuelle qui trouvera entre autres sa place dans le magazine Zoom des années 1970 ; puis il aborde le métier de l’art appliqué, nourri par ses premières expériences. Aujourd’hui, il a repris le fil d’une création totalement personnelle. Ses ambitieuses réalisations côtoient précisément ici les commandes pour la mode et la publicité, devenues « iconiques », et qui ont dans ce domaine fait de lui l’un des photographes les plus remarqués et les plus enviés de sa génération. On se souvient entre autres des campagnes qu’il a signées pour le bagagiste Louis Vuitton, reposant chaque fois sur des exigences et des moyens hors du commun. À l’occasion de cette publication, Jean Larivière a pris la plume pour raconter les circonstances dans lesquelles ses photographies avaient été réalisées. Il a aussi mêlé à certaines occasions le dessin et la vidéo qui témoignent d’autres facettes de son talent et de son inventivité. De cet ensemble transparaissent ainsi le goût de l’aventure, un esprit ludique et une grande liberté d’expression. Les sujets disent aussi son plaisir extrême du voyage associé à des modes de transport comme l’avion qui semble l’avoir toujours fasciné, tel un enfant. En studio, Jean Larivière s’impose par son sens de la lumière et sa maîtrise du noir et blanc. Il nous touche également en levant le voile sur certains aspects de son existence, avec notamment le portrait de sa mère adoptive. L’heure est venue aujourd’hui de donner à Jean Lariviere l’occasion de raconter au sein d’un vaste espace, celui d’un musée et d’un livre , les différents moments de sa vie de créateur. Il faut pouvoir contempler son œuvre telle qu’elle a été pensée dans son format final ; une œuvre qui se développe souvent au-delà des limites de l’image en deux dimensions, intégrant entre autres le mouvement et le son. Puisse cette publication dans L’Œil de la Photographie constituer un nouveau pas dans la compréhension de cette aventure qui ne manque pas de génie.
Gabriel Bauret
