Terreur domestique et bonheur
J’ai grandi dans une secte chrétienne fondamentaliste et j’ai été séparée du monde (physiquement et émotionnellement). Regarder dans le viseur était un moyen d’accepter cette séparation et de la faire fonctionner pour moi. Grâce à la connexion entre l’homme et l’objectif, j’ai pu commencer à me réintégrer dans le monde. L’appareil photo m’a donné un but, une raison d’être quelque part et de parler aux gens. L’appareil photo est un outil puissant.
Il y a un moment auquel je pense souvent. Vous vous sentez brisé, comme si quelque chose d’inconnu et d’obscur n’allait pas chez vous. Vous avez peur d’en parler à voix haute. Mais votre amie est là, sur le sol avec vous, vous disant qu’elle voit et comprend votre douleur unique et secrète. Et soudain, tout semble plus léger.
C’est pour ce moment que je crée. Je mets une partie de moi dans ces photos et j’espère que ceux qui ressentent la même chose, qui ont besoin d’un miroir pour leurs ténèbres, le verront et se sentiront moins seuls.
J’explore les conséquences émotionnelles de l’enfermement religieux et romantique. Mes mondes communiquent avec notre enfant intérieur négligé et s’inspirent de couleurs explosives, d’éléments de jeux élevés et de la poussée et de l’attraction de la lumière et de l’obscurité.
C’est une façon de changer mon récit interne. Lorsque les choses ne vont pas comme je le souhaite dans ma vie réelle, je peux utiliser la photographie comme un petit peu de psychomagie. C’est un espace sûr qui me permet de m’ouvrir, d’être présente et de faire confiance au processus. C’est la mise en pratique d’une philosophie de vie à un niveau macro, presque un essai si je me sens trop fragile pour l’appliquer à ma vie réelle.
