Afriques intimes
Dès ce premier soir de février 2000, après l’atterrissage à Bamako, s’opéra une transition brutale, source d’une charge émotionnelle immense. La chaleur, les gens, le bruit, les effluves… Je venais de poser mes pieds pour la première fois sur le sol africain, et tout de suite, j’ai su que j’y retournerai.
J’ai pour mission d’encadrer mes étudiants dans leur projet de fin d’étude. Ils vont réaliser pendant deux semaines des travaux de maintenance et d’amélio- ration sur les installations techniques de l’hôpital Sominé Dolo de Mopti. C’est l’occasion de réaliser des images en immersion, au sein de la population. Je découvre un nouveau monde, je dois d’abord observer et ressentir les choses. L’appareil photo reste quelque temps dans son sac.
La population est essentiellement musulmane, si bien que les photographes ne sont pas toujours les bienvenus. Il faut avant tout se faire accepter. Les photo- graphies réalisées lors de ce premier voyage restèrent distantes du sujet hu- main. Ce n’est que lorsque je suis retourné une deuxième puis une troisième fois que je me suis senti vraiment à l’aise. J’étais déjà connu et invité partout. Je me sentais alors pleinement autorisé à photographier.
Depuis, les occasions n’ont pas manqué. J’ai réalisé plus d’une vingtaine de missions en Afrique dans un cadre universitaire ou associatif. J’ai eu la chance de connaître l’Afrique dans son intimate.
Je suis allé au Cameroun à l’occasion du suivi d’un étudiant en stage et de la mise en place d’une collaboration entre les IUT de Douala et Saint-Malo, au Sénégal où j’ai assuré la formation d’enseignants à l’École supérieure polytech- nique de Dakar et prospecté dans les lycées en vue du recrutement d’étudiants sénégalais pour les IUT bretons. Au Gabon, je fus recruté comme expert pour sélectionner les candidats à une bourse de l’état Gabonais destinée à permettre à de jeunes futurs bacheliers d’étudier en France. J’ai également réalisé plu- sieurs voyages au Burkina Faso en tant que bénévole dans une association humanitaire. Il s’agissait de conduire des projets dans les domaines de la santé, l’agriculture, l’éducation et la culture.
Ces 12 photographies présentées dans ce portfolio sont extraites du livre
« Afriques intimes » publié aux éditions Corridor Eléphant. Une quinzaine de chroniques photographiques y sont relatées avec des textes courts et 80 pho- tographies. A partir de ce livre, une exposition est en préparation, destinée aux centres culturels, médiathèques et autres lieux d’exposition.
Jacques Yvergniaux
