« Dès les années 30, Brassaï, pas encore photographe mais déjà « flâneur » invétéré, observe et note les traces d’une société en pleine transformation dont il adore explorer les recoins les plus obscurs. « Il traque les terrains vagues, lieux de prédilection des amoureux et des enfants, qui laissent sur les murs les signes de leur amour et de leurs jeux ; il observe les immeubles en démolition à la recherche des limbes d’une vie abandonnée par les anciens habitants, suit avec curiosité le cheminement noirci des conduits de cheminées, mais surtout, tel un chasseur de papillons pour qui la quête d’une vie fragile et fugace demeure tout autant un principe scientifique que philosophique, il va débusquer pendant près de quarante ans les graffiti parisiens. » — Agnès de Gouvion Saint-Cyr
Très rapidement, Brassaï se rend compte que ses notes et dessins ne peuvent suffire à montrer le caractère éphémère des graffitis, et décide de fixer leur image grâce à la photographie. Pendant plus de 20 ans, il collecte ainsi des dizaines d’images pour lesquelles il met très rapidement au point un système de classement très précis dont il fixe l’ordre et la dénomination : propositions du mur, le langage du mur, la naissance de l’homme, masques et visages, les animaux, l’amour, la mort, la magie, images primitives.
Les similitudes du travail de cadrage, du système de classement et de captation, de la flânerie comme méthode, avec l’approche de Jacques Villeglé — le Lacéré Anonyme —, sont si évidentes que la galerie Vallois a décidé d’organiser une exposition qui rassemble les œuvres de ces deux photographes.
EXPOSITION
Jacques Villeglé : graffitis politiques
Brassaï : graffitis
Jusqu’au 19 juillet 2014
Galerie Vallois
36, rue de Seine
75006 Paris
France