Se souvenant d’une discussion datant d’une vingtaine d’années au sujet de Jacques Henri Lartigue, la créatrice Agnès b. et la commissaire Martine d’Astier décide aujourd’hui d’accueillir une exposition qui propose une nouvelle lecture de l’œuvre de ce photographe qu’elles aiment tant.
Cette discussion est l’occasion d’une exposition inédite pour plus d’un tiers des images présentées, un choix de 145 photographies les plus intimes permettant de répondre à certaines questions fréquentes, de rendre hommage à Lartigue et ses modèles, et d’évoquer le processus de création de cette œuvre précoce et singulière à tous points de vue. « Depuis que je suis petit, j’ai une espèce de maladie : toutes les choses qui m’émerveillent s’en vont sans que ma mémoire les garde suffisamment », constate Lartigue dans son journal de l’année 1965.
Émerveillement et mémoire qui anche, passion pour la vie et blessure secrète devant l’impermanence des choses, il n’en faut pas plus à Lartigue pour glaner et collectionner pendant 80 ans ces milliers d’instants fugitifs dont il saura nous montrer la beauté. Retenir le temps qui passe en conservant ces moments si fragiles, prêts à disparaitre, c’est avant tout une narration, le roman rêvé de sa vie. Aucune spéculation ou intention sur l’effet à produire, cet enfant prodige photographie comme il respire. « Je prends à tort et à travers de stupides photographies et mon paradis sans ombre me semble invulnérable… parce qu’en moi, autre chose fait le reste. »
L’exposition permet d’approcher la démarche de Lartigue au plus près en illustrant ses thèmes les plus chers : son enfance, Bibi (sa première épouse), Dani (son fils unique), le mannequin Renée Perle (une de ses muses), Florette (sa compagne pendant près de cinquante ans), Picasso (chez qui Lartigue passe une journée à Cannes, le photographiant une centaine de fois), et ‘Moi’ (quelques un de ses autoportraits). Sont également présentées plusieurs pages d’albums ainsi qu’une projection 3D d’images choisies parmi les 4 500 plaques stéréoscopiques réalisées par Lartigue entre 1902 et 1928, préfiguration d’un long métrage en préparation L’enfant des profondeurs ; un diaporama comprenant 100 pages d’albums (1902 à 1986) ; et le film Le bandit et la fée Améliot, tourné en famille au Château de Rouzat pendant l’été 1914.
Martine d’Astier
Martine d’Astier est une auteure et commissaire d’exposition spécialisée en photographie. Elle a notamment travaillé aux côtés de Robert Delpire et de Jacques Henri Lartigue. De janvier 1986 au 30 septembre 2017, elle a dirigé la Donation J.H. Lartigue.
Une invitation à Martine d’Astier : découvrir (ou re-découvrir) Jacques Henri Lartigue
10 novembre 2017 au 6 janvier 2018
Galerie du jour Agnès b.
44 rue Quincampoix
75004 Paris
France