Si Jack London est entré dans la légende comme écrivain, sa photographie reste secrète. Pourtant, son talent s’exprime aussi bien lorsqu’il utilise un stylo qu’un appareil photographique. En réalité, ces deux outils l’ont tous deux aidé à construire sa vision aiguë du monde. L’acquisition de l’un des premiers appareils photo Kodak à apparaître sur le marché a poussé Jack London à prendre la route entre 1900 et 1916 et réaliser plus de 12.000 images qu’il a appelé des « documents humains ».
La pauvreté de la ville de Londres allait alors façonner l’aspect social de son travail. Rassemblées sous un travail appelé Le Peuple de l’abîme, les images prises en 1902 montrent à quel point Jack London comprenait le peuple qu’il photographiait. Il n’y a dans ces images aucune volonté de dissimuler la tristesse. Peu après, en 1903, il a écrit Comment je suis devenu un socialiste, témoignage sur la façon dont son écriture n’a jamais été éloignée de sa photographie.
Engagé, Jack London a réussi à ne pas seulement montrer la futilité de la guerre ou la pauvreté de la population, mais aussi à mettre en évidence leur dignité et leur humanité. Ses images l’ont notamment valu d’être correspondant de guerre pour le magnat de la presse William Randolph Hearst, publiant ses photos du conflit russo-japonais dans le San Francisco Examiner.
Si ses photos du tremblement de terre de 1906 à San Francisco sont parmi ses plus célèbres, c’est que son récit, par l’image ou l’écriture, a toujours exprimé ses pouvoirs de perception, de compassion, de respect et d’amour pour l’humanité. The Paths Men Take, publié par Contrasto, rassemble une vaste sélection de photographies de reportages, ainsi que des chefs-d’œuvre journalistiques, prouvant à quel point l’écriture exceptionnelle de Jack London ne peut être dissociée de son talent photographique.
Emiliana Tedesco et Frédérique Zepter
Jack London, The Paths Men Take
Publié par Contrasto
19,90 euros