Architecture des Contemplatives
Au petit matin, à Saint-Gervais, Paris devient ce silence où Dieu fait entendre sa voix.
Elles sont vingt. Quelque soit leur âge, leurs études, leur origine, un même appel les unit : contempler Dieu dans la cité des hommes.
Elles ont choisi de consacrer la moitié de leur temps à la prière, matin midi et soir, ainsi qu’à la vie sororale : prière solitaire ou communautaire ; silencieuse ou chantée dans le secret des oraisons ; dans l’écoute de la parole de Dieu en cellule à travers la lecture ; dans le partage des tâches quotidiennes ; dans le travail ou dans la rencontre avec les laïcs.
L’esthétisme pictural de la vie des moniales, et l’apaisement qu’il procure m’intéressaient beaucoup, dans une approche du féminin dans sa globalité. Il y avait l’envie d’un témoignage du silence et de ces vies au quotidien qu’on imagine sobres | pures | simples | dévouées.
En rencontrant ces femmes en décalage dans un monde qui sacralise le temps, la consommation, le paraître, etc., mon angle de vue s’est dilaté.
Elles m’ont ouvert leur maison et leurs lieux de prières.
J’ai découvert un monde fait de règles comme le nôtre, mais sans ego. Un monde fait de silence, de discussions et rires par de simples regards échangés, d’intelligence, d’espièglerie, de joie dans le recueillement, de générosité, de chants venus d’ailleurs, de questionnements, de nuits profondes.
J’ai cherché à en restituer l’intensité, la complexité, la plénitude.
En quittant ces vies dédiées extraordinaires, j’ai senti toute l’étendue d’une autre forme de liberté.
Isabelle Cerneau
