La Galerie Thaddaeus Ropac Paris présente l’exposition Still Life du photographe américain Irving Penn (1917-2009), consacrée à ses natures mortes, dont la célèbre série des Street Material, des Cigarettes et des Fleurs. L’exposition présente une sélection de photographies prises à New York pendant six décennies dans le cadre de publications telles que Vogue, ainsi que lors de ses voyages. Irving Penn a créé certaines des natures mortes les plus mémorables du XXe siècle, et son approche novatrice a fait de lui l’un des photographes les plus influents de son époque.
Irving Penn a commencé sa carrière de photographe en 1943 sous l’impulsion et avec le soutien d’Alexander Liberman, alors directeur artistique de l’édition américaine de Vogue. La même année, une des photographies en couleur d’Irving Penn fait la couverture du numéro d’octobre de Vogue, devenant la première nature morte photographique à être publiée dans l’histoire récente du magazine. Au cours des 60 années qui ont suivi, Penn réalise plus de 150 couvertures pour Vogue et s’engage dans des projets éditoriaux novateurs, qui se distinguent par leur éclairage naturel et leur simplicité formelle, faisant de lui le photographe de référence dans ce domaine. À une époque où la photographie était principalement considérée comme un moyen de communication, Irving Penn l’a abordée avec le regard d’un artiste, élargissant son potentiel créatif autant dans son travail professionnel que dans sa pratique privée.
La plupart des natures mortes d’Irving Penn combinent des aliments et des objets du quotidien. Il a mis en scène des tables avec des arrangements raffinés de plats, de fruits et de vaisselles, qui rappellent les maîtres de l’âge d’or hollandais comme Willem Kalf ou Pieter Claesz. Qu’il s’agisse d’une pastèque coupée en deux,d’une serviette de table en lin froissé, d’un morceau de pain rompu ou d’une mouche posée sur un fruit mûr, ces éléments symbolisent le caractère éphémère de toute chose et soulignent l’absence de l’être humain. Le choix des sujets et la contextualisation des objets rappellent aussi les premiers tableaux cubistes de Georges Braque.
« L’extrême précision de ces arrangements – loin de la simplicité traditionnelle de quelques morceaux de fruits ou de quelques fleurs mises ensemble – ajoute au sentiment que les objets sont des codes, qu’ils portent un message même au-delà de celui que le titre annonce » (Adam Kirsch, dans le catalogue « Irving Penn, Centennial », 2017).
Les différents états de décomposition illustrés dans la série des Cigarettes montrent une corrélation intéressante avec des caractéristiques humaines, et peuvent également être interprétés comme des memento mori. La première exposition personnelle d’Irving Penn au MoMA à New York a eu lieu en 1975 et présentait exclusivement la série des Cigarettes. Celle-ci a été perçue à l’époque comme une provocation car les photographies contrastaient fortement avec les images de mode grâce auxquelles il avait acquis sa notoriété. L’intérêt d’Irving Penn pour ce thème l’a amené à photographier d’autres rebuts trouvés dans la rue, comme du papier froissé, un paquet de cigarettes écrasé ou de vieilles cartes à jouer. A travers son objectif, les déchets de la rue que la plupart des gens préfèrent ignorer sont devenus quelque chose de fascinant et de presque iconique, tout en exprimant simultanément une critique explicite du consumérisme à travers eux.
Irving Penn compose ses natures mortes comme un peintre, travaillant avec des appareils photographiques de grand format, et s’efforce inlassablement d’élargir les possibilités créatives du médium. Il a été profondément impliqué dans chaque étape, de la composition méticuleuse de l’image à la réalisation de ses propres épreuves. Contrairement à la plupart des photographes d’art, il expérimente avec des tirages platine palladium et argentique afin de donner à chacune de ses œuvres une texture distinctive et un caractère original. Avec sa signature unique et son esthétique rigoureuse, il demeure une influence stylistique déterminante et une inspiration constante pour d’innombrables successeurs.
En 2017, à l’occasion du centenaire de sa naissance, une rétrospective de grande envergure intitulée Centennial a été organisée au Grand Palais à Paris, au Metropolitan Museum of Art de New York et au C/O Berlin. L’exposition comprenait quelque 240 œuvres, dont une vaste présentation de ses différentes séries de natures mortes, dont certaines ont été présentées dans l’exposition à Paris. Les photographies d’Irving Penn ont fait l’objet de nombreuses expositions dans le monde entier, dont Irving Penn: Underfoot au Art Institute of Chicago (2013), Irving Penn: Monde divers au Moderna Museet, Malmö (2012, puis au Kumu Art Museum,Tallinn), Irving Penn: Portraits à la National Portrait Gallery, Londres (2010) et Irving Penn: Petits métiers au J. Paul Getty Museum, Los Angeles (2009-2010). Les œuvres d’Irving Penn font partie de collections privées et publiques prestigieuses, dont l’Art Institute of Chicago, la Maison Européenne de la Photographie, Paris, le Metropolitan Museum of Art, New York, Moderna Museet, Stockholm, Morgan Library and Museum, New York, Museum of Modern Art, New York et la National Gallery of Art, Washington DC.
La Galerie Thaddaeus Ropac représente la Fondation Irving Penn, en collaboration avec Pace/MacGill Gallery, New York. L’ouverture de cette exposition coïncide avec Paris Photo 2019 au Grand Palais.
Irving Penn : Still Life
7novembre 2019 – 19 janvier 2020
Galerie Thaddaeus Ropac – Marais
7 rue debelleyme, FR-75003 Paris