La photographe franco-américaine Martine Fougeron a choisi dans son livre Nicolas & Adrien. A World with Two Sons paru en 2020 chez Steidl, des images d’activités à la rivière, en forêt et dans une maison de vacances. Une masculinité sensible et joueuse naît entre 2005 et 2018 lorsque ses enfants entrent dans un nouvel âge après la transition de l’adolescence. Nicolas et Adrien cassent la plupart des stéréotypes et idées fixes de genres des générations précédentes sans rompre avec le romantisme propre à la jeunesse.
Avec les photographes américains de l’intime comme Nan Goldin, Sally Mann ou Raymond Meeks, Martine Fougeron montre un nouveau rêve américain compréhensif et sensible.
L’exposition se compose de deux parties. Une présentation de 17 photographies grand format qui retracent le passage de l’adolescence à l’âge adulte de ses deux fils entre 2005 et 2018 et la projection d’un film réalisé par Martine Fougeron qui narre l’arrivée de ses parents dans les Cévennes au début des années 60, sur le rocher d’Esparon, avec des films 16 mm et Kodachromes vintage.
“ Encadrées par une salle de photographies et un film issu des archives familiales, les images que Martine Fougeron a faites de ses deux enfants et de leurs amis dans les Cévennes près du Vigan ont moins à voir avec le tournant domestique de la photographie contemporaine qu’avec une expression du lieu. C’est comme si le lieu était le photographe ultime, produisant des images de par lui-même de génération en génération, avec peu de changements profonds. Les amis et les membres de la famille vont et viennent, les bâtisses – tombées en ruine – sont ressuscitées et restaurées, la vie revient au hameau et continue.” Lyle REXER, critique, commissaire et professeur, School of Visual Arts, New York.
“2005-2018, Martine Fougeron voit ses adolescents manger, dormir, danser dans les fêtes avec les copains, plonger dans la rivière, au musée, Adrien qui repasse, un amour de vacances ; des scènes de la vie quotidienne sans l’iconographie habituelle de l’adolescence souvent désespérée « qu’est-ce que je peux faire, sais pas quoi faire ». Toute la force du travail est là, dans l’ exposition à contre-courant d’une jeunesse joyeusement cultivée, à l’érotisme solaire et toujours la douceur comme une antichambre du spleen. Je me disais enfin une photographe qui s’affranchit des clichés sociologiques et de la pensée unique. Cette liberté, cette énergie, elle tient, je crois, à ce va et vient dans la vie de l’artiste entre New York et l’Europe / la France, pour une double culture du regard.”
“Cet album « familial » échappe au déterminisme idéologique, et expose une photographie ‘riche’ d’une histoire de l’art qui ne se refuse rien, touche à la photographie de mode, aux pages de déco, accepte le moment décisif sans renoncer à la mise en scène, dans des séries où Nicolas & Adrien sont tout à la fois modèles, mannequins, ses enfants, des acteurs, des héros.
Et c’est cela l’adolescence, quelques années où on est tout et autre chose à la fois, des années de formation/déformation, un moment « totalement » photographique dans une fluidité des esthétiques. Encore faut-il que quelqu’un vous regarde, vous ‘éclaire’ : si c’est une mère c’est bien, si c’est une artiste c’est beau.” Laurent Goumarre, journaliste critique à Artpress, Libération, producteur de la quotidienne Côté Club sur France Inter. Son travail d’artiste est représenté par la galerie Alain Gutharc à Paris.
Summertime à Esparon : Synopsis 32 minutes
À la fin des années 1950, une famille française expatriée à New York, passe ses étés sur les plages méditerranéennes, puis lassée par la foule de vacanciers, choisit un lieu bien plus reculé et ancestral. Esparon, petit hameau cévenol abandonné depuis la seconde guerre mondiale est perché sur un roc. Il devient pour cette famille, sensible à la beauté et à l’art, un vrai refuge dont la restauration prendra plusieurs années.
Au sein de cette colonie, il y a Georges Tonnellier et Pierre Fougeron, grand-père et père de l’artiste photographe Martine Fougeron. Tous deux pratiquent intensément la photographie, avec les Kodachromes, et des film 16 mm, aux colorimétries si saturées et riches des années 60. Équipés d’un Leica et d’une caméra Beaulieu R16, ils saisissent sur le vif, avec un sens inouï du cadre, les moments solaires de la vie des êtres qui leur sont chers.
Esparon devient pour cette famille une sorte de sanctuaire et à travers cet amour de la photographie, les deux hommes transmettent leur sensibilité et sensualité communes à Martine qui s’empare à son tour de l’art photographique et développera sur plusieurs décennies une mise en images qui explore le paysage de l’adolescence de ses fils, Nicolas et Adrien. Le thème musical Summertime des frères Gershwin, traverse cette longue histoire familiale et insuffle au film une dimension épique, à travers quatre générations.
Et Esparon devient un Roc dans l’Imaginaire
Mon idée pour cette exposition Summer Time est le partage d’un roman familial en images. Tout se déroule pendant une seule saison : l’été
Tout se concentre autour d’un seul lieu : le hameau d’Esparon en Cévennes. Tout se focalise autour d’un même âge : la jeunesse.
Mais ce Summer Time se déploie, avec force et grâce, des années 50 à nos jours.
L’exposition Summer Time est pour moi une transmission qui s’ancre dans une généalogie de l’intime.
Esparon est le cirque de montagne qui s’élève comme un amphithéâtre où personnages et paysages sont mis en scène.
Je recherche des tensions mystérieuses entre le spontané et la mise-en-scène. Là où l’imaginaire s’éclaire.
Martine Fougeron
Martine Fougeron : Summer Time
26 juin – 17 septembre 2023
Institut d’Art Château d’Assas
11 Rue des Barris
30120 Le Vigan, France
Visites avec l’artiste
30 juin, 11 août de 10h à 12h
16 septembre de 15h à 16h30 (JEP)
