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Inde –Mohan Verma

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Né en 1960 dans l’État de l’Haryana, au nord de l’Inde, Mohan Verma vit et travaille à New Delhi. Doté d’un diplôme de photographe en 1978, il en fait son métier en 1980. Travaillant initialement pour la publicité, il s’oriente vers le portrait et met son style glamour au service des studios de quartier, qui affichent ses tirages grand format dans leur vitrine en guise de réclame.

Dans les années 1990, il observe que ses clients photographes découpent les visages de ses modèles photographiés pour créer sous Photoshop des corps « prêts-à-porter » : plus besoin d’enfiler les traditionnelles vestes et cravates accrochées au mur du studio, les clients viennent en tee-shirt se faire tirer le portrait ; ils sont dotés pour l’occasion d’un corps parfait et vêtus d’un impeccable costume-cravate ou d’un somptueux sari.

Mohan Verma se lance alors dans la production de ses propres images de corps sans visage – Faceless – qu’il assemble ensuite sur fond de décors numériques. Le tout est vendu aux studios sous forme de CD thématiques : costumes à l’occidentale, vêtements indiens traditionnels, saris pour dames, tenues de mariage, etc. En Inde, ce principe de désolidariser la tête et le corps n’est pas nouveau – dans l’imagerie religieuse hindou, notamment, la tradition des avatars multiplie les apparitions de corps composites. La Alkazi Foundation for the Arts, à New Delhi, conserve des illustrations du début du xxe siècle sur lesquelles, hormis le visage du sujet, qui est photographié, l’ensemble de la composition – vêtements et décor – est imaginé et peint. Les photomontages de studio de quartier, d’abord réalisés aux ciseaux, n’ont cessé de se multiplier avec le développement de la technologie et des logiciels de traitement d’images du type Photoshop. Inverse de la photo d’identité, supposée définir l’individu, le principe des photographies Faceless de Mohan Verma en dit long sur l’Inde contemporaine : va-et-vient entre cultures indienne et influences occidentales, vêtements traditionnels et dernière mode, poses figées et positions aguicheuses… À l’image de la société indienne, ces signes identitaires – et les fantasmes qu’ils véhiculent – cohabitent, se marient et s’affrontent.

Olivier Culmann, commissaire

Texte extrait du livre-catalogue « Photoquai » coédition Musée du Quai Branly- Actes-Sud

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