Mahesh Shantaram est né en 1977 et a longtemps vécu à l’étranger. Il est diplômé de l’Institut de photographie de Spéos, à Paris. De retour en 2006 dans sa ville natale de Bangalore, il se spécialise dans la photographie de mariage, une industrie florissante en Inde. Il s’appuie sur son métier pour ses recherches personnelles, dont témoigne la série Matrimania présentée ici.
La photographie de mariage est le miroir exacerbant de la société indienne. Pour le meilleur et pour le pire. Après avoir tenté, sans succès, de s’établir comme photographe indépendant, Mahesh Shantaram fait le constat que le plus sûr moyen de vivre de son métier est de devenir wedding photographer. Un statut méprisé, selon lui : « En Inde, les photographes de mariages sont considérés comme des êtres primaires, naïfs et peu intellectuels. » Malgré les pressions familiales, il se lance, avec l’ambition de dépoussiérer ce type de photographie. Son regard, subjectif mais honnête, humoristique et humain, fait de Mahesh Shantaram l’un des professionnels les plus prisés aujourd’hui dans son pays. « Les mariages sont des espaces-temps où les gens sont à leur avantage mais font preuve des pires comportements, où les forces et les faiblesses de la société sont mises à nu. En Inde, nous prenons les noces très au sérieux. Elles doivent avoir un impact fort sur les milliers d’invités, prompts à évaluer la position sociale de la famille. »
Fasciné par ces scènes éphémères, Mahesh Shantaram les appréhende de manière documentaire. Les décors, partie prenante du projet Matrimania, sont très révélateurs de ce désir de représentation et de l’importance des moyens qui lui sont alloués. Tout comme le souci du détail souligne « le penchant de mon pays pour l’ordre et le chaos, la couleur et le bruit, ainsi qu’un sens particulier du design et du “bon goût” ».
Olivier Culmann, commissaire
Texte extrait du livre-catalogue « Photoquai » coédition Musée du Quai Branly- Actes-Sud