Un coup de massue en début d’après-midi avant-hier.
« Nous sommes au regrèt de vous informer de la mort de Daniel Wolf, la nuit dernière dans sa maison du Colorado! »
Daniel était un très grand marchand de photographie, mais c’était aussi et surtout un ami.
Par deux fois, ces dernières années, il était venu au secours de l’Oeil de la Photographie et nous avait permis de continuer aux moments les plus désespérés.
Daniel, je le connaissais depuis le milieu des années 70.
Sa famille l’avait envoyé à Paris pour terminer ses études d’art et découvrir la France.
Il allait surtout découvrir la Photo française du 19ème siècle dont il tomba amoureux et le resta toute sa vie.
De André Jammes à Roger Thérond, d’Alain Paviot aux Texbraun et à Gérard Lévy, tous adoptent cet américain séducteur, drôle et d’une joie de vivre formidable.
À la fin de la décennie, il rentre à NY, ouvre sa galerie de photos sur la 57th street, y place comme directrice, une jeune femme étonnante, Bonnie Benrubi, qui elle aussi disparaitra trop tôt !
Si mes souvenirs sont exacts, la première exposition de la galerie sera sur les animaux empaillés de Bettina Rheims.
J’ai un souvenir formidable en 1982. Lartigue est la vedette de l’ICP International Center of Photography et la star de sa fête annuelle. Roger Therond a pris une table à cette occasion et je fais partie des bagages. Daniel vient au diner avec sa compagne de l’époque : Diane Keaton. Au cours du diner, il lance à Roger : « Roger, je suis sur un projet, s’il aboutit, je viendrais vous voir. »
Le lendemain, Roger et moi déjeunons avec Sam Wagstaff : « Roger, le Getty veut se lancer dans la photographie. Si le Getty engage mon poulain, j’ai le projet de leur faire acheter toutes les grandes collections privées actuelles : réflechissez si vous voudriez en faire partie ! »
4 mois plus tard, je suis à nouveau à NY.
Sam : » mon poulain n’a pas été pris, le projèt tombe à l’eau. »
Diner le soir même avec Daniel dans sa cantine sublime : Sant Ambroeus. Daniel : “Jean-Jacques : Le Getty va se lancer dans la photographie. Quelqu’un de proche vient d être engagé : Weston Naef. Je vais lui faire acheter toutes les grandes collections privées, demain j’appelle Roger ! »
Sam et Daniel avaient eu la même idée et chose plus extraordinaire encore : Daniel fera acheter la collection de Sam sans que celui ci n’en ait la moindre idée.
Daniel délaisse ensuite un peu la photographie, rencontre Maya Lin avec qui il a deux filles.
A Paris, nous nous retrouvions dans sa cantine, Le Récamier, dont il vénèrait les soufflés.
À NY, il est tombé amoureux d’un endroit hallucinant, une ancienne prison à Yonkers où l’on se rend soit en bateau, soit en voiture ! Là, il commence à réunir toutes ses collections.
La dernière fois que nous nous sommes parlés, c’était il y a dix jours.
Il était dans son refuge du Colorado avec sa famille.
Je t’embrasse Daniel !
Jean-Jacques Naudet