J’avais découvert le travail de Christian Boltanski grâce à Christian Caujolle en 1997 à Arles.
Il avait exposé à la Chapelle St Anne juste à coté de la mairie (Réserve des Suisses Morts). Boites d’archives empilées les unes sur les autres. Les Archives étaient mon domaine j’en avais dirigées quelques unes, pour moi cela évoquait autre chose, des disparus. Et tous les soirs avant de rejoindre les amis place du Forum je m’arrêtais, montais les marches de la Chapelle et dans le silence et la fraicheur j’allais saluer les disparus.
Cette même année Les gens du prix W. Eugene Smith m’avaient demandé de présenter un artiste français et j’avais suggeré Christian Boltanski qui avait reçu le prix. L’année suivante j’avais acheté son livre Kaddish et j’y avais glissé l’unique photo que je possède de mes grands parents morts à Auschwitz, la seule photo du livre qui avait un nom et une mémoire que je connaissais par ma mère.
Le livre et le symbole étaient très forts pour moi.
J’ai rencontré Christian Boltanski beaucoup plus tard à une projection et un cocktail à Beaubourg, il y avait du monde et du bruit, ce n’était ni le lieu ni le moment de parler de la photo de mes grands parents.
R.I.P Christian.
Sylvie Rebbot
