Le néerlandais Ad van Denderen s’inscrit parfaiteent dans la grade tradition documentaire, si forte dans son pays depuis des décennies. Il se consacre essentiellement à de longues enquêtes photographiques dans la pure tradition du photojournalisme. C’était déjà le cas de “GO NO GO”, pour les sept années passées aux côtés des migrants qui tentaient de rejoindre l’Europe et dont il a exploré les différentes routes et filières pour offrir un livre et une exposition qui font référence. Il avait fait, pour ce projet, le choix du noir et blanc et d’une approche aux cadrages à la fois précis et souples, d’une grande variation de distance, de l’extension des paysages traversés – ou plutôt affrontés – à l’oppression d’espaces confinés durant le passage ou, bien souvent, à l’arrivée. En mettant en relief les dispositifs de surveillance, les situations conflictuelles, la dimension profondément humaine d’une situation que l’on résume trop souvent à des chiffres.
Avec “So blue, so blue”, en couleurs cette fois-ci, la démarche est la même bien que l’esthétique, pour des raisons de cohérence, soit radicalement différente. Ad van Denderen a passé cinq années à arpenter les pays du pourtour méditerranéen en mettant en évidence les effets flagrants et absurdes de la mondialisation. Cette immense zone est soumise à un grand nombre de problèmes issus de l‘industrie du tourisme en pleine expansion, des tensions politiques, culturelles et religieuses. Le paysage, qui constitue une importante partie de l’approche, n’a rien d’esthétisant mais devient un questionnement permanent de l’espace, de ses enjeux, politiques, économiques, écologiques. Le paysage comme marque de l’activité humaine, aujourd’hui désastreuse, le paysage comme modalité du documentaire. Dans “So blue, so blue”, Ad van Denderen pose la question de l’influence de ces problèmes sur les populations de la région et comment elles se manifestent dans leur vie quotidienne. Comme dans tous ses travaux, une affirmation d’une photographie humaniste, sans nostalgie, qui prend le temps d’affronter aujourd’hui bien en face, pour que l’on ne puisse dire « je ne savais pas ».
Un livre est consacré à cet imposant travail.
“So Blue, so Blue” est un project de Paradox www.sobluesoblue.nl
Exposition soutenue par l’Ambassade du Royaume des Pays-Bas
Christian Caujolle
Ad Van Denderen: So blue, so blue. Edges of the mediterranean.
Festival Image Singulières
Du 8 au 26 mai 2013
Centre Régional D’art Contemporain
Sète
France
