David Nissen annonce la sortie de son 5e livre photo « Shadow’s Praise » publié par IIKKI BOOKS. Il est le fruit du dialogue entre les travaux photographiques de David Nissen et l’artiste musical Akhira Sano, initié par le label IIKKI & LAAPS, entre septembre 2022 et février 2023.
Photographie & Cinématographie
Prise entre sa fonction de communication et ses rapports référentiels avec les arts plastiques, la photographie de cinéma soumet toute une technologie sophistiquée aux exigences du regard. A travers ce message, pourrait-on affirmer que le médium cinématographique est l’image et que l’image est la photographie ?
En tant que directeur de la photographie, membre de l’AFC, et photographe passionné, je n’utilise pas de film argentique mais plutôt la technique de l’argentique, un film dont tous les composants ont été pensés pour contribuer à établir une impression plastique, le « message » passe exclusivement par l’image ; celui qui parle au spectateur. La photographie au service de la mise en scène, elle-même au service du récit, qu’une focale change, qu’un diaphragme change et l’univers bascule, provoquant une modification radicale du récit.
Le directeur de la photographie travaille en étroite collaboration avec le réalisateur, ce dernier travaille donc sa mise en scène tandis que le premier s’occupe de l’imagerie, un double regard dans et à côté de l’oculaire. La technique est certainement très importante, il faut la maîtriser pour l’oublier car elle ne constitue pas en soi notre moyen d’expression, c’est notre point de vue, notre regard qui est important, et l’usage que nous en faisons.
Si le cinéma et la photographie ont une tendance marquée à se croiser, c’est parce qu’il existe entre eux des affinités et des contrastes qui les lient par nature. L’image photographique étant consubstantielle à l’image cinématographique, il existe des relations d’opposition au niveau des modes d’existence de leurs images pour un spectateur : d’une part les images animées, en séquence, projetées, temporalisées… de l’autre, les image fixe unique, imprimée, non temporalisée. De ce fait, chacun peut tenter d’approcher l’autre, le cinéma fait l’expérience de la fixité photographique avec l’arrêt sur image, tandis que la photographie fait l’expérience de la séquentialité cinématographique avec la représentation du mouvement avec des effets de tremblement ou de rotation dans ses photos.
Un bref rappel historique et technique permet d’établir que les similitudes tiennent au fait que la photographie est l’élément matériel fondamental à la base du cinéma : le photogramme cinématographique est par nature une image photographique.
Avec la photo, le spectateur entretient généralement une relation étroite, ce qui lui permet d’entrer en relation avec elle par la vue et le toucher : la photographie est une image que le spectateur peut tenir dans ses mains pour la regarder, il est en quelque sorte physiquement » attaché » à l’image. Cet attachement est physique, permis par la petite taille.
Avec le cinéma, le spectateur entretient une relation d’éloignement relatif et entre en contact avec lui par la vue et l’ouïe. Cette mise à distance, ce détachement physique, cette frontière entre le spectateur et le film que facilite le grand format, le regard du spectateur « plonge » dans l’image.
Pour la photo, ce lieu est avant tout un environnement privé, intimiste, éclairé dans lequel il a une place assignée, aménagée, collectée, accrochée… le spectateur n’a pas vraiment à se déplacer, il peut librement choisir le moment de lecture et manipuler la photo, le spectateur a une certaine emprise sur la photo.
Pour le film, le lieu est souvent un espace public, spécialement aménagé et sombre, le spectateur doit se déplacer, « on va au cinéma » prendre sa place et une position assise, immobile, passive. Le moment de la lecture est programmé, le spectateur n’a aucun contrôle sur le film.
David Nissen
David Nissen : Shadow’s Praise
Tirage à 500 exemplaires numérotés dont 20 collectors, ainsi qu’un vinyl et un CD
