L’International Center of Photography est le premier musée à proposer une grande rétrospective des images de la séparation raciale et ethnique en Afrique du Sud. Plus de cinq cent documents rendent cette exposition immanquable.
Cette photo d’Hector Pieterson, 12 ans, abattu en 1976 par les forces gouvernementales et signée du photographe Sam Nzima reste l’image la plus célèbre de l’Apartheid. Ce serait pourtant oublier les innombrables autres clichés et photographes qui ont marqués de leur empreinte les manifestations de l’idiotie humaine pendant cinquante ans en Afrique du Sud.
Rise and Fall of Apartheid est une exposition organisée de façon chronologique, du début de la séparation entre blancs et noirs jusqu’à sa chute et la libération de Nelson Mandela. En hollandais, le mot désigne d’abord une séparation des quartiers de résidence ; c’est par la suite que les droits civiques des Africains, Asiatiques ou toute population de couleur ont été ignorés puis supprimés. Dans le long combat pour les retrouver, le rôle de la photographie fut prépondérant. A l’instauration de l’Apartheid en 1948, le medium changea radicalement d’utilité. Chaque photographie, auparavant plutôt à caractère anthropologique, devint un formidable instrument de lutte sociale, égalitaire et démocratique.
Peu d’images présentes à l’ICP ont été commandées par la presse. Beaucoup d’entre elles ont été réalisées par des photographes qui séjournaient en Afrique du Sud, travaillaient en indépendant ou faisaient même partie du mouvement contre l’Apartheid. Lors du soulèvement de Soweto, Sam Nzima n’hésita d’ailleurs pas, après l’avoir photographié en sang, à conduire le jeune Pieterson à l’hôpital où il mourût. Critiques et incisives, informant aussi bien des évènements clés que du quotidien des populations noires : les images des Sud-Africains eux même restent les meilleures. Au total ce sont plus de 500 photographies, œuvres d’art, films, posters ou périodiques qui sont à voir.
Ils s’appellent Leon Levson, Eli Weinberg, David Goldblatt, Peter Magubane, Sam Nzima, Ernest Cole, pour ne citer qu’eux ; et ils racontent avec leur regard leur combat contre le fascisme et la reconstruction identitaire de leur pays. Découvrir ou redécouvrir leur travail fait partie du devoir de mémoire.
Jonas Cuénin
Rise and Fall of Apartheid :
Photography and the Bureaucracy of Everyday Life
Du 14 septembre au 6 janvier 2013
International Center of Photography
1133 Ave of the Americas #1A
New York, NY 10036
USA