Il n’y a jamais eu de moments aussi cruciaux dans la transformation des médias. L’énorme prolifération et la diversité de l’imagerie d’aujourd’hui rendront-elles le monde plus ou moins compréhensible ? Est-ce que ce sera une source de liberté ou de restriction ? Une mission urgente pour nous à l’ICP est de mettre à l’épreuve et de comprendre le potentiel grandissant de la communication visuelle. Nous souhaitons partager le résultat de nos recherches, aider nos étudiants à articuler leurs propres visions de la manière la plus complète et exposer des travaux qui explorent les enjeux contemporains avec nuance et complexité. Chacun doit examiner le passé pour l’inspiration considérable qu’il peut offrir, mais on ne peut pas regarder uniquement vers le passé. Nous sommes, pour reprendre les mots d’Henri Cartier-Bresson, dans « l’instant décisif », rempli de défis passionnants aussi bien pour le futur des médias que pour le futur du monde en général. À l’ICP, nous avons bien l’intention de jouer notre rôle.
Fred Ritchin, doyen de l’École
Nous vivons une époque pétrie de révolutions. Celles qu’engendrent les technologies numériques sont complexes et contradictoires. À l’heure où j’écris ces mots, les dernières victimes du massacre d’Orlando sont toujours en cours d’identification. Les selfies arrogants du tueur s’étalent partout dans les médias et les réseaux sociaux, au même titre que les séquences de la mère au cœur brisé, qui pleure et pleure sans cesse. Que doit-on comprendre de ceci ? Quelle signification doit-on tirer de la puissance de l’image visuelle, élargie à l’infini ? Alors que l’International Center of Photography débute sa nouvelle vie sur la Bowery, il est de notre devoir de nous interroger et d’explorer les innombrables questions que suscitent les éclairages regrettables de l’image propagée en ligne. Nous sommes particulièrement bien placés pour ce faire.
Carol Squiers, commissaire
Pour savoir où va l’ICP, il faut se demander pourquoi il a été créé. La réponse est : pour interroger les implications éthiques, morales et esthétiques de la production culturelle photographique et visuelle. C’est cette volonté, mais aussi l’opportunité rare de développer une programmation autour de la rencontre puissante entre culture visuelle et justice sociale, qui m’a finalement incité à rejoindre l’ICP. Par passion personnelle. Il n’y a bien sûr rien d’étonnant à dire que les images, notamment photographiques, sont partout. Même si nous n’en avons pas autant besoin que de l’eau ou de l’air, elles jouent un rôle fondamental et nécessaire dans les vies humaines à travers toute la planète. Ce sont souvent elles qui informent les gens de ce qui se passe ailleurs. Les images doivent entériner ou réfuter, capter, soutenir, souligner les moments que l’on n’aurait pas remarqués autrement. Je suis fasciné par le caractère contradictoire de ce médium, figure étonnante d’autorité mais propice à beaucoup d’interprétations antagonistes. Cette dichotomie sera un point de discussion privilégié du Centre pour la Culture Visuelle, qui intègrera certainement le dialogue en cours dans les autres sections de l’ICP – l’École, la programmation publique renforcée et le nouveau Musée. Nous sommes prêts à faire quelque chose de formidable – j’oserais même dire « avant-gardiste » – dans le contexte du rôle et de l’importance de la culture visuelle dans nos vies quotidiennes. J’attends la suite avec impatience.
Paul Rogers, Centre pour la Culture Visuelle
Paul Rogers a rejoint le Centre International de la Photographie au printemps en tant que Directeur des Contenus et de la Programmation publique. Il dirige ainsi le Centre pour la Culture Visuelle, rôle rendu possible grâce à une bourse de la Fondation Andrew W. Mellon.