Those Damn Stairs (Ces fichus escaliers), de Fred Baldwin, co-fondateur et membre du directoire de FotoFest International, mars 2014
Avez-vous déjà gravi les escaliers d’un vieil immeuble parisien ? Il y a un interrupteur sur chaque pallier pour allumer la lumière jusqu’à l’étage suivant. Si vous calculez bien votre coup, vous en avez juste assez pour arriver à bon port sans vous briser le cou. Mais si vous êtes vieux, rouillé et lent, vous pouvez vous retrouver dans le noir. C’est une métaphore pour le fait d’aller au bout de sa tâche – et d’avoir l’espoir de gravir la marche suivante. C’est de ça qu’il est question à FotoFest, l’idée géniale que Wendy et moi avons ramenée de France.
Depuis trente ans, nous avons encouragé tous les musées, galeries et espaces consacrés à l’art de Houston et des environs à montrer, chaque année et pendant un mois, des photographies. En 2014, 129 expositions sont organisées sous la bannière de FotoFest. Cette année, elles sont largement consacrées à 49 photographes arabes et réparties dans quatre zones différentes. Nos lectures de portfolios — the Meeting Place — durent 16 jours et, selon nous, elles ont lancé des milliers d’artistes depuis qu’elles ont commencé, en 1986. Mais comme je le remarquais dans ma métaphore parisienne, je dois admettre que les lumières s’éteignent plus souvent que je ne l’aimerais, et je ne peux m’empêcher de penser que peut-être les choses devraient changer.
Peut-être que je devrais prendre l’ascenseur. Rien n’est plus comme avant. Je me suis raconté à moi-même la même histoire depuis si longtemps que je ne sais plus si je crois à quoi que ce soit d’autre. Qu’est-ce que la réalité ? Y a-t-il trop de lectures de portfolios, et trop de festivals à travers le monde, trop de marches à gravir ?
Et puis les lumières se sont rallumées. J’ai retrouvé mon énergie.
J’ai lu ces deux articles dans le New York Times: ici et la et je vous conseille d’en faire autant.
Comme nous sommes chanceux, Wendy et moi. Nous avons fait un travail merveilleux et avons construit une organisation capable d’aider un homme qui était photographe à Cuba avant d’être arrêté, condamné à 27 années de prison, et placé en isolement pendant huit mois parce qu’il avait pris des photos que le gouvernement cubain n’a pas appréciées.
Omar Rodriguez Saludes a été miraculeusement relâché après sept ans d’emprisonnement et exilé en Espagne avec sa femme. Il vit depuis cette année à Houston. Je lui ai parlé pendant deux heures hier et nous allons faire notre possible pour lui offrir la place qu’il mérite à la Meeting Place (dont la programmation est pleine), nous allons le présenter à tous nos amis importants dans le monde de la photographie, en faisant ce que nous savons faire — en mettant en contact le talent et l’opportunité. Nous verrons ce qui se produira.
Vous ne pouvez pas imaginer la faveur que nous fait Omar en nous permettant de voir à quel point FotoFest garde toujours sa magie après toutes ces années. Je gravis ces escaliers et une lumière vive m’environne. Rendez-vous en haut.
Fred Baldwin