Martine Franck, une grande dame élégante et timide, c’est ce qui revient dans tous les hommages qui lui sont donnés et pourtant.
J’ai le souvenir d’un été à New York, début des années 80, fin juin début juillet, un meeting de Magnum sans doute. nous partagions le loft de Mary Ellen Mark à Soho son livre Falkland Road venait de sortir. Il faisait chaud, très chaud, le loft situé au premier étage était grand ouvert sur la rue beaucoup de lumière, un peu d’air frais.
Nous étions trois, Martine avait fait les courses du petit déjeuner : café et cookies au chocolat .
Toutes habillées d’un long T-shirt les jambes à l’air. Martine comme une grande petite fille était gourmande nous avons beaucoup ri, promis de ne jamais en parlé à Henri. Un moment privilégié de retour à l’enfance, un moment de complicité féminine. Chez Martine aucune timidité, une jolie légèreté débarrassée de toute contrainte. Cette bulle je veux la partager pour donner à voir une autre personne humaine, chaleureuse et drôle. Bien sûr il y avait le talent, les idées le sens de la responsabilité, mais derrière l’image toujours un peu austère, une femme très concernée quand elle demandait comment vas-tu? Elle insistait sur le tu et attendais une réponse, ce n’était pas simplement une formule de politesse mais un intérêt réel pour la personne.
Ma dernière image forte de Martine, une longue silhouette fine pied nu dans la cour pavée de Jama Masjid la grande mosquée de New Delhi se détachant sur le Fort Rouge .
Sylvie Rebbot