La photographie a toujours privilégié l’arbre comme sujet d’étude, tout au fil de son histoire, et ce, dès les origines, bien avant les célèbres images de Le Gray et d’autres photographes dans la forêt de Fontainebleau. Si l’arbre était isolé, la photographie dressait son portrait ; s’il se regroupait en futaie et dessinait des allées dans la forêt, la photographie prenait les allées en perspectives ou alors elle se glissait dans les trouées des clairières pour montrer des flaques éclairées au sol ou les lumières tamisées par les feuillages.
Mais en 1920, avec Rodtchenko et la vision en contre-plongée qu’il instaurait, tout change : le regard bascule, il est celui d’un promeneur qui se couche sur le dos dans la forêt et regarde de bas en haut, du sol vers le sommet de l’arbre et vers le ciel. Le photographe allemand Holger Trülzsch insiste comme Rodtchenko dans l’hommage qu’il lui rend, sur ces formes de modernité que la nature offre, absolument équivalentes ou identiques à celles que développe la civilisation industrielle, en béton et en métal dans les villes et dans les zones périurbaines.
Ce basculement du regard et la force tellurique qu’il dégage, qu’offrent les photographies d’Holger Trülzsch, aujourd’hui exposées à la galerie Michèle Chomette à Paris, ne donne pas du tout le vertige, mais au contraire le juste exemple du pouvoir de la nature à présenter des modèles d’un ordre parfait et démontre que ce n’est pas l’homme qui a inventé l’ordre face à une nature supposée chaotique. Holger Trülzsch allie ainsi à cette modernité la fougue du romantisme. L’union de ces deux qualités donne à cette série une importance particulière. La beauté des tirages de l’époque, de 1982-83, réalisés par l’artiste lui-même, ajoute alors des vibrations profondes et chatoyantes.
Holger Trülzsch, Hommage à Rodtchenko
Du 9 septembre au 28 octobre 2017
Galerie Michèle Chomette
24 rue Beaubourg
75003 Paris
France
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