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Histoires d’instantanés : les polaroids de Wim Wenders

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Dans son ouvrage Wim Wenders’ Polaroids, le cinéaste allemand Wim Wenders nous dévoile son travail au Polaroid. Si ses travaux photographiques de plus grand format sont déjà bien connus, c’est la première fois qu’il nous soumet une sélection faite parmi des milliers de ses clichés Polaroid, pris entre la fin des années 1960 et le milieu des années 1980. Sa fascination pour cette technique a démarré dès ses premières années de réalisateur. Il s’en servait comme d’un carnet de notes visuelles, une façon d’expérimenter des cadrages et des idées. Ces images lui offraient surtout une sorte d’espace liminal entre le sujet et la photographie, le photographe et la prise de la photo, l’intention et le résultat.

Et justement, l’exposition Instant stories: Wim Wenders’ Polaroids, présentée par The Photographer’s Gallery à Londres, nous propose un regard inattendu sur les cheminements de l’artiste, sur ses préoccupations et ses inspirations esthétiques. Dans son livre d’artiste éponyme, écrit cet automne, Wim Wenders explique : « Le processus – ou procédé – Polaroid n’a rien en commun avec notre expérience contemporaine, qui nous permet de regarder des apparitions virtuelles et fugaces sur un écran, de les supprimer ou de les faire défiler d’un doigt pour passer à la prochaine. À l’époque, on créait et on possédait ‘un original’. Ce n’était ni une copie, ni un tirage et le résultat n’était pas reproductible. On pouvait regarder la photo, puis lever le regard et reconnaître ce qu’on venait tout juste de ressentir, au moment précis où on avait appuyé sur le déclencheur. Et quand on baissait à nouveau le regard sur l’image, elle vous montrait quelque chose qui se situait désormais dans le passé. Le temps faisait partie intégrante de ce processus. En levant les yeux, on était à nouveau au présent – on passait de cet objet existant à la scène existante – et on ne pouvait s’empêcher de penser qu’on avait volé cette image-objet au monde. On avait transféré un fragment du passé vers le présent. Ou peut-être l’inverse… »

L’ouvrage Instant Stories nous présente plus de deux-cents clichés Polaroid de Wim Wenders : portraits de comédiens et des équipes de tournage, d’amis et de membres de sa famille, images prises en coulisse, natures mortes, photos de rue et paysages… Accompagnées d’impressions couchées à la manière d’un journal intime et d’hommages à ses mentors artistiques – Fassbinder et Warhol par exemple – ces images au format réduit nous emmènent faire un voyage à la fois littéral et métaphorique à travers l’Europe et les États-Unis. Dès son premier voyage à New York, les clichés du cinéaste reflètent une vision distinctive et lyrique, à la fois intime et visionnaire. Teintées de sa fascination pour la télévision américaine et souvent prises depuis les toits, ses photographies nous livrent devantures, routes, voitures et bien d’autres sujets. L’exposition comprend également certaines séquences animées tirées de ses films. Elles reflètent des moments cruciaux de son œuvre et montrent de quelle manière les clichés Polaroid et les photographies constituent une part essentielle de la narration. On notera à titre d’exemple le protagoniste d’Alice in the Cities (1974), personnage obnubilé par la photographie.

 

 

Instant stories: Wim Wenders’ Polaroids
20 octobre – 11 février 2018
The Photographer’s Gallery
16-18 Ramillies St, Soho
London W1F 7LW
Royaume Uni

https://thephotographersgallery.org.uk/

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