Qu’il soit rouge, noir, fin ou grossier, le talon haut a toujours été un symbole de féminité voire de distinction. Cette étonnante publication rappelle qu’il est aussi un objet de séduction indispensable à la photographie et au photographe.
On la porte petite et timide, associée aux tailleurs ou aux robes de vacances. On l’exhibe pétillante et sulfureuse des soirées mondaines jusqu’aux défilés de mode. L’histoire de la chaussure à talon – portée en premier par les femmes de la Grèce Antique – a toujours été étroitement liée à celle de la photographie. Car certains verront dans ce prolongement de la silhouette féminine un apparat superflu, là où chaque photographe amoureux du corps y trouvera un élément indispensable à sa composition graphique. A travers ses clichés de mode, High Heels : Fashion, Feminity and Seduction rappelle que, ces dernières années, l’objet s’est réinventé au travers du fétichisme, provoquant un regain massif de popularité. Auprès du public mais aussi des plus grands de la mode, qui ont revisité ce culte dans leurs créations en images.
Ces photographies significatives, présentes dans le livre, informent de leur liaison intime avec la chaussure, dont la reine est aujourd’hui l’œuvre du créateur français Christian Louboutin. Ses dauphines chaussent ici les modèles divins de Marilyn Minter, Bettina Rheims ou David La Chapelle et affirment leur sexualité, dans des scènes parfois à la limite de la pornographie. Une pornographie maitrisée. Pour ces portraits de femmes en contorsion ou en suspens, la chaussure n’est pas seulement un moyen de se tenir debout. Elle est la gardienne d’un langage presque surnaturel, fait de charme, de couleurs bariolées, de scintillements et d’excentricité. Un dialecte propre à la mode que tous ces photographes ont eu le talent de comprendre, d’apprivoiser, voire d’enrichir.
Pour eux, il n’est pas question de laisser un nu totalement à l’abandon. L’ériger sur un piédestal de dix centimètres est une façon, même dans l’illusion, de lui donner du pouvoir et lui faire explorer le symbole de la femme fatale. Une femme au corps presque artificiel, sur lequel on aurait pratiqué une greffe, plastique et pointue. Lorsque la pose, plus sensuelle qu’insolite, veut que le sujet soit dompté, en position assise ou allongée, l’objet lui rend dans sa soumission une part de dignité. Et quand il se tient droit, joue avec les ombres, marche gracieusement, s’échappe dans une ruelle en sautillant, ce n’est pas au champ lexical de la séduction qu’il faut faire appel mais bien aux expressions les plus distinguées de l’élégance.
Jonas Cuénin
High Heels : Fashion, Feminity and Seduction
Edité par Goliga, 30 novembre 2011
$49.95
192 pgs / 120 color
ISBN: 9781935202691