Interview d’Henry Buhl par Stephen Perloff, rédacteur en chef de The Photo Review et The Photograph Collector ( www.photoreview.org). « A Show of Hands: Photographs from the Collection of Henry Buhl » sera à l’affiche d’une vente de Sotheby’s à New York les 12 et 13 décembre.
Où et quand avez-vous commencé votre collection ? Quelle a été la première photographie que vous avez achetée ?
En 1993, j’ai acheté un tirage gélatino-argentique d’Alfred Stieglitz datant de 1920 représentant les mains de Georgia O’Keefe intitulé Hands and Thimble (Mains et dé à coudre). C’était l’une des premières photographies importantes que j’ai acquises et celle que je considère comme étant à l’origine de mon attachement pour le thème des « mains ». C’est le seul tirage argentique de cette œuvre ; les autres que Stieglitz a pu faire de ce cliché étaient des impressions au palladium ou au platine-palladium. Il est devenu depuis le cliché phare de la collection.
Qu’est-ce que vous considérez comme votre premier vrai succès en tant que collectionneur ? Votre plus gros échec ? Quelle est votre fierté ?
Je dirais que notre exposition inaugurale, Collection In Context, à l’espace Thread Waxing à New York, a été notre premier gros succès. Elle a eu lieu en 1996, seulement deux ans après que j’ai commencé ma collection. Je ne vois pas d’échecs particulièrement marquants ; il y a certainement des travaux qui ont perdu de la valeur, mais il y en a aussi beaucoup qui en ont gagné. Nous avons pu faire de nombreuses expositions partout dans le monde. En général, la collection a été une grande source de joie. En dehors du Stieglitz que j’ai mentionné, le cliché dont je suis le plus fier est le montage original et unique de Herbert Bayer, The Lonely Metropolitan, de 1932.
Comment en êtes-vous venu à consacrer vos efforts spécialement aux photographies de mains ?
Après avoir acheté le Stieglitz, j’ai attendu environ six mois avant de faire mon acquisition suivante. J’ai alors commencé à rechercher uniquement les travaux de photographes célèbres, comme Irving Penn, Richard Avedon, etc. J’ai finalement remarqué qu’il y avait un sujet commun à tous ces travaux, les mains, et c’est ainsi que s’est imposé le thème de la collection.
Quelle est votre approche ? Écoutez-vous votre instinct ? Achetez-vous auprès des galeries, des marchands d’art, au cours des ventes aux enchères, ou directement auprès des artistes ?
J’ai commencé par fonctionner à l’instinct – avec les images qui me plaisaient. J’ai également été aidé par ma curatrice, Marianne Courville, qui m’a conseillé lors de nombreux achats et m’a permis d’agrandir la collection des multiples styles et périodes photographiques qui existent dans le but de représenter la plus grande part possible de l’histoire de la photographie. Par exemple, la décision d’acquérir le négatif de William Henry Fox Talbot, A Stanza from ‘Ode to Napoleon’ in Lord Byron’s Hand, réalisé avant le mois d’avril 1840, fit entrer un exemplaire de la photographie des premiers temps dans la collection – le choix était une légère entorse faite à notre thème : une image d’écriture cursive plutôt que celle d’une main directement. J’ai réalisé des acquisitions auprès de toutes les sources : galeries, marchands, ventes aux enchères, et artistes directement.
Y a t-il un collectionneur de photographie que vous admirez particulièrement?
Oui, Paul Sack et Manfred Heiting.
L’idée de collectionner la photographie vintage est importante pour vous ?
Absolument. Les premières photographies ont une richesse unique que vous ne retrouvez pas dans la photographie numérique contemporaine
Y a t-il une image que vous auriez aimé acheter pour votre collection?
J’aurai aimé acquérir le tirage platinum-palladium d’Alfred Stieglitz « Hands and Thimble » qui a été vendu chez Christie’s le 8 octobre 1993.
Comment en êtes-vous venu à décider de vendre votre collection ? Y a-t-il des images desquelles vous n’avez pas pu vous séparer et que vous allez garder ? En avez-vous terminé avec l’activité de collectionneur ou envisagez-vous de vous y remettre un jour, peut-être à une plus petite échelle ?
Comme les trois quarts de la collection sont détenus par la fondation Buhl, qui supporte l’éducation et la formation par le biais de l’association à but non lucratif que j’ai fondée en 1992, l’ACE – l’Association for Community Employment Programs for the Homeless (anciennement connue sous le nom de SoHo Partnership), les bénéfices issus de la vente seront une source majeure de financement pour mon autre engagement, la lutte contre la précarité du logement. Nous avons eu beaucoup de magnifiques expositions et avons profité de ces photos pendant de nombreuses années. Il est maintenant temps de laisser à d’autres la joie d’apprécier ce travail, en le laissant entre les mains d’institutions publiques ou de collectionneurs privés (sans jeu de mots). Je collectionne toujours les sculptures de main et de temps à autre des photographies diverses. Une artiste que je recherche en particulier, Desiree Dolron, est une photographe néerlandaise qui fait des portraits fascinants.
Stephen Perloff