Le travail d’Helen Sear explore la vision, la texture et la représentation de l’expérience sensorielle, se référant de manière privilégiée au corps humain et animal et à son environnement immédiat, dans la campagne française et galloise. L’exposition de cette artiste galloise, présentée à la Klompching Gallery de Brooklyn, est constituée de quatorze œuvres sélectionnées dans trois séries récentes : Becoming Forest (devenir forêt), View Finder (viseur) et Wild Flower Arrangements (compositions de fleurs sauvages), ainsi que dans Caetera Fumus, série vue pour la première fois à la Biennale de Venise 2015 dans une exposition dédiée à l’artiste.
La série Becoming Forest explore l’expérience du déplacement à travers un paysage forestier marqué et de la perception altérée des surfaces, des formes et des espaces. Comme dans son travail plus ancien, l’intervention de la photographe est visible, elle a tracé les lignes des jeunes pousses dans la forêt, à l’aide d’un stylo digital et d’une tablette. Le chaos et l’entrelacement de ces lignes dessinées à la main, suivant la croissance de la forêt, contrastent avec les marques géométriques de peinture fluorescente laissées par les forestiers.
Avec la série View Finder, Sear poursuit les idées abordées dans ses œuvres précédentes, où le formalisme rencontre l’incontrôlé dans un paysage rural aménagé. Les balles de foin elles-mêmes sont des objets centraux, cohérents. Elles obstruent la vue sur le panorama rural, mais cette perception du paysage est aussi perturbée par le tour de passe-passe de l’artiste, ou son intervention, dans la réalisation de ses œuvres artistiques. Comme dans les Meules de Monet, ces photographies sont en grande partie définies par les ombres, ou par leur absence.
Wild Flower Arrangements présente les sommités fleuries de Daucus Carota, à divers stades de maturité – qui sont souvent présents en même temps sur la même tige – coupées et arrangées en configurations non naturelles, comme des portraits floraux. La beauté complexe de l’adventice qui pousse en abondance dans les terrains en friche est renforcée par son isolement dans un intérieur qui rappelle l’environnement opulent des portraits mondains.
En 2006, l’écrivain et commissaire d’exposition David Campany a décrit Helen Sear en ces termes : « L’une des plus brillantes innovatrices dans le domaine de la photographie, car pour elle le médium est un outil de magie autant que de réalisme. L’image n’est jamais pure, ni figée, ni entièrement compréhensible. Elle nous livre sa fascination pour le surnaturel et pour nos habitudes d’observation. » Il semblerait que ce soit toujours vrai en 2017.
Helen Sear
Du 22 février au 28 avril 2017
Klompching Gallery
89 Water street
Brooklyn, NY 11201
États-Unis
