Pendant tout l’été 2019, l’Hôtel Départemental des Arts invite ses visiteurs à une immersion dans l’univers d’Harry Gruyaert, poursuivant ainsi, avec ce maître de la couleur, la réflexion qu’il mène depuis de nombreuses années sur le médium photographique. À l’instar de l’exposition qu’il a présentée en 2017 sur le travail mené pendant 20 ans par Mathieu Pernot auprès des communautés tsiganes, le centre d’art du Département du Var a souhaité à nouveau s’inscrire dans le Grand Arles Express à travers cette fois une proposition photographique qui, sans être une rétrospective, permette au public d’appréhender un pan essentiel, parfois peu connu, du travail d’Harry Gruyaert.
Dans son travail, Harry Gruyaert déploie une écriture personnelle vibrante d’énergie. Ses photographies, le plus souvent en couleur dont l’usage très particulier qu’il en fait, a souvent été considéré comme sa marque de fabrique, figurent un univers de clair-obscur, de contrastes, de brouillard ou de lumière. On y trouve un développement très subtil sur les ambiguïtés de l’apparence, un choix très volontaire sur les rapports de plans, de transparence, sur l’exigence du volume et de l’espace.
Le parti pris du cadrage fait alors éclore la somptuosité d’images du quotidien, presque pauvres ou banales. Car, chez Harry Gruyaert, qu’il s’agisse de photographies faites en Afrique du Nord, au Moyen-Orient, aux États-Unis, en Russie ou en Europe, tout rapport au réel est d’abord mis en scène, instinctivement : choix d’une certaine distance, d’un champ de vision, d’une vitesse de « regard », d’une exposition. Toujours l’amorce d’une représentation par la nature même de l’arrêt effectué, de la découpe et du rythme qu’il propose.
Dans les images d’Harry Gruyaert l’utilisation de la lumière au sens large, offre la possibilité d’une sensation pure bien au-delà de la simple représentation. En fait, à travers une recherche de la lumière, de la couleur et du format adéquat, il semble vouloir saisir au plus juste la vie particulière de chaque élément de décor. C’est ce qui en fait la force. Chez Harry Gruyaert, rien n’est superflu ; tout est épuré pour donner à voir une authentique intelligence du regard.
Françoise Docquiert, commissaire de l’exposition
Harry Gruyaert – Photographe
21 juin au 22 septembre
HDA Var
Hôtel Départemental des Arts Centre d’art du Var
236 Boulevard Maréchal Leclerc
83000 Toulon