Notre collaborateur Thierry Maindrault a passé récemment beaucoup de temps avec Hans Silvester. Il en est sorti un tryptique que nous commencons aujourd’hui !
Dans cette année 2022, nous aurons vu les photographies d’Hans Silvester presque partout tant il était l’invité de tous les festivals qui sont encore à la hauteur de leur propre renom. Dans le premier volet de cette série dédiée à ce grand photographe contemporain, je vais vous entraîner dans les pas du voyageur infatigable qui a arpenté notre – soi-disant petite – planète dans tous les sens.
A la sortie de son apprentissage photographique, comme major, son savoir-faire photographique est déjà reconnu par Leica qui lui offre un premier équipement professionnel. Les grandes revues de l’époque qui mêlent voyages, découvertes et photographies ne s’y trompent pas non plus.
Les missions arrivent, Hans parcourt rapidement le Monde, ses images confirment le savoir-faire de cet auteur qui n’arrêtera plus de bouger dans tous les sens. Le talent habite ce témoin de la Nature et des Hommes, sa parfaite maîtrise des techniques photographiques créatives l’a rendu incontournable dans les mutations profondes de notre monde actuel.
Interrogeons bien l’image réalisée par Hans ! Ses sujets sont vrais et ne sont guère originaux, ni exceptionnels, la plupart du temps. Qu’ils soient objets, animaux, plantes ou humains, sa caméra fige des sujets d’une banalité totale dans leur environnement quotidien. Incontestablement, notre intégration de lecteur et nos dialogues avec tous ces modèles sont dus à une très longue approche d’un voleur d’images infiltré et devenu totalement invisible et absent pour ses sujets photographiés. Pour chacun de nous, la carte postale disparaît au profit d’une immersion personnelle dans une photographie qui devient unique en émotion, en dialogue et en partage. Le rapt de l’image est l’aboutissement d’attentes parfois interminables ou de palabres jusqu’aux aurores (toutes ces choses devenues, paraît-il, obsolètes, voire inutile, avec l’intelligence artificielle de nos nouvelles boîtes à savon).
Rien n’est laissé au hasard chez ce subtil piégeur de lumière. Il est quasiment impossible de trouver un défaut sur chacune de ses prises de vue, la composition de l’image et les masses lumineuses restent toujours équilibrées. Le travail commence avec l’œil qui s’approche de son viseur et ne s’expose qu’après son contrôle minutieux de la feuille et de son rendu photographique. A chacune des étapes, la lumière n’est pas seulement l’outil qui sculpte et façonne l’œuvre, la lumière est également partie prenante et actrice dans cette même œuvre. Surtout, ne venez pas me parler de hasard ; car, lorsqu’une scène a fait l’objet de plusieurs déclics, toutes les prises sont excellentes, émouvantes et utilisables. La sélection devient un casse-tête autour de l’abondance.
L’Humanité est redevable à ce photographe qui fait toujours dans l’excellence, puisqu’il a appris à tout faire. Il nous laisse avec de vrais et sincères échanges à travers l’image, dans la vision de ses photographies.
Hans Silvester est ce prophète qui est allé au-delà de toutes les frontières, non pas pour imposer de bonnes nouvelles et des espérances à ses hôtes ; mais, pour nous ramener – à travers ses photographies chaque jour plus convaincantes – une part de la sagesse des autres.
Thierry Maindrault