Dans le cadre de la Triennale d’Hambourg, il vient de se conclure à la Galerie Barlach un special show dédié au photographe allemand Henrik Spohler.
Baptisée par son directeur artistique Kryzstof Candrowicz, cette 6ème édition du festival hambourgeois vise les nouvelles frontières esthétiques de l’ère numérique. « The day will come », motto ouvrant chaque exposition du festival, définit un titre général qui en réalité nomme une direction forte: Comment la photographie peut nous attacher, à travers les images du présent, à ce qui, avec elle, est en train de nous changer ? Comment peut-elle, en tant que medium, interpréter nos utopies aussi qu’exorciser nos peurs ? Si plus part des travaux de la Triennale analysent d’un point de vue subjectif ces vastes enjeux sur l’influence de l’imagerie digitale sur notre perception, l’exposition When millenium begins lance un pari inverse. Dans les locaux de la Galerie Barlach, le graphisme épuré de Henrik Spohler nous raconte des profondes modifications apportées par la globalisation et la consommation intensives à l’esthétique du paysage et à la logistique de l’espace.
Né en 1965, diplômé de la Folkwang University d’Essen, Henrik Spohler est photographe et Professeur de design de la communication à l’Université de Sciences Appliqués de Berlin. Il débute sa carrière dans la photographie en 1992. Depuis, il a été lauréat de plusieurs prix et compétitions et son œuvre a fait l’objet de différentes expositions publiques et privées.
Pour la première fois, des clichés extraits de ses 4 séries principales ont été ressemblés dans un focus sur l’attention de l’artiste aux changements esthétiques apportés par la vie moderne. Ils nous mettent en images le détachement mutuel entre l’homme e la nature qui s’accomplit dans l’omniprésence de la machine. Sa photographie, extrêmement poétique bien que immergée dans l’anonymat cru des formes industrielles, exploite des sujets hyper réalistes pour nous livrer des images métaphysiques. Elle cherche à documenter la manière dont la technologie intensive, dans toutes ses manifestations, envahit la symétrie des lieux en effaçant progressivement la présence humaine pour nous immerger dans des géométries aseptiques et répétitives. Ces géométries qui, crées par l’humain, finalement nous en éloignent.
0/1 Dataflow (2000–2001) montre les espaces vides et monotones des infrastructures de la société de l’information en contraste avec le chaos de la production digitale frénétique. InGlobal Soul(2002–2008) les industries high-tech sont vues comme profondes matrices d’une hyper réalité de la consommation. Ici l’homme disparaît aux marges au profit des machines qu’il a lui même crée. The Third Day(2010–2012) montre au contraire la transformation des espaces dans l’agriculture industrialisée et les altérations artificielles dans le rapport à la Terre apportées par l’ingénierie génétique. In Between, série complétée en 2015 à Shanghai, Spohler montre pour finir une vision de l’espace définitivement congelée sous l’emprise de la logistique et de la consommation. Toute trace d’individualité a disparue derrière les exigences froides de la fonctionnalité.
Rita Peritore