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Guillaume Herbaut –Photographies privées

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L’exposition Guillaume Herbaut visible jusqu’au 5 janvier 2013, au pavillon Carré de Baudouin, regroupe plusieurs séries : 7/7 (2002-2008), la Zone (2009-2011), les portes de Pripiat (2011).

• 7/7 (2002-2008)
Pendant sept ans, Guillaume Herbaut va concevoir une oeuvre en marge de sa pratique de photojournaliste. 7/7 remémore le drame, s’attachant à des inactualités . Les conséquences de faits dramatiques sur les hommes et leur environnement, sont le véritable sujet de chacune des 95 photographies qui constituent 7/7. L’ensemble s’attache donc à la suite des événements, en privilégiant des détails qui évoquent un passé, plus ou moins récent, toujours douloureux, dont toute tentative d’effacement semble vaine.
7/7 pour 7 séries : sept « histoires » de survivants, de fantômes et de souvenirs que l’on ressasse ou que l’on tait, que l’on porte en soi et qui marquent à jamais. Sept lieux, de Tchernobyl à Nagasaki, où l’on sait qu’après cela plus rien ne sera comme avant.
L’ensemble 7/7 est présenté pour la première fois dans son intégralité au pavillon Carré de Baudouin.

• La Zone (2009-2011)
Ce travail propose un voyage atypique dans le temps et l’espace à jamais bouleversés d’une Ukraine post-nucléaire. Guillaume Herbaut raconte la vie dans la zone interdite de Tchernobyl, 25 ans après, et le rapport personnel qu’entretien l’auteur avec ce territoire contaminé.
Michel Poivert définit l’oeuvre de Guillaume Herbaut – depuis Tchernobylsty – comme un travail sur « notre rapport à l’événement dramatique dans l’étude de ses effets présents. » En d’autres termes, Guillaume Herbaut s’attache à rendre visible ce qu’il est advenu d’événements douloureux s’inscrivant dans un passé plus ou moins proche, à travers des environnements, objets, portraits, qui tous, se « souviennent ».
« Je vois, devant moi, ce pont enneigé, la lumière bleutée du soir et des traces de loups.
Depuis deux jours, je suis dans la zone interdite de Tchernobyl. Je ne voulais pas y retourner.
J’y avais passé trop de temps entre 2009 et 2011. Quatre mois à me perdre dans ce territoire interdit qui me fascine depuis mon premier voyage en 2001. Une attirance et une répulsion dans le même temps. La peur de la plaque trop contaminée. La zone est devenue pour moi un espace de réflexion. Tchernobyl ne m’intéresse plus, ni son histoire, ni ses conséquences.
Je voudrais fermer les yeux et oublier. Et pourtant, je vois Piotr qui marche dans la neige, il va traverser la zone interdite pour y voler du métal contaminé. J’entends Igor me dire, « je serais ton ombre. » Je vois Larissa se déshabiller dans cet hôtel d’Ivankov « mais pourquoi je fais cela ? » Je sens l’haleine alcoolisée des miliciens. « Nous étions furieux. Vous arrêtez dans la zone, nous aurait valu une prime. » Je vois Vladimir chanter et me faire boire à en être malade.
Je vois dans les brumes alcoolisées cet homme se faire lyncher. J’entends le bruit sourd de son crâne cogner le sol, j’entends mon radiomètre crier, et me dire je ne dois pas rester.
Tchernobyl vrille ma tête et mes repères, et aujourd’hui il est bien difficile de m’en défaire. Et puis il y a ce pont, et ces traces de loups dans la neige. Il y a cette eau noire et profonde. La rivière Uzh. Je dois partir. Un pas de trop, un choc, je sens l’eau glaciale me transpercer et me rend compte que la neige cachait un trou. Mon tibia est touché. Rien de grave, si ce n’est la peur. Et la confirmation que pour moi le voyage doit se finir.
En 2001, Tchernobyl m’avait fait passé du noir et blanc à la couleur et du mouvement à la frontalité.
En résumé j’allais du reportage au documentaire, me poussant à réfléchir sur mon approche dans le photojournalisme. En 2009, Tchernobyl me permettait de considérer la réalité comme une matière dans laquelle je pouvais me noyer, de pousser le sentiment de fiction et de sortir d’une photo arrêtée. Avec le temps, Tchernobyl est devenu un repère comme un phare à la lumière morbide. »
Guillaume Herbaut.

• Les Portes de Pripiat (2010)
Pripiat était une ville de 30 000 résidents, situés à 3 kilomètres de la centrale de Tchernobyl. Evacuée un jour après la catastrophe nucléaire, la radioactivité, toujours très élevée aujourd’hui, interdit le retour des hommes. Devenue ville fantôme, la nature reprend le dessus. C’est durant l’un des ses derniers voyages dans la Zone interdite que Guillaume Herbaut a fait cette série. A force de visiter des centaines d’appartements identiques et pillés, il s’est rendu compte que la seule trace des habitants restait les portes d’entrée de leur appartement. Guillaume Herbaut les a dès lors photographiées systematiquement dans l’immeuble « Ukraine », les considérant comme les derniers portraits de famille de Pripiat.

Guillaume Herbaut né en 1970, est lauréat du prix Niepce en 2011. Il se rend depuis quelques années sur des lieux chargés d’histoire, dont il réinterroge les symboles et la mémoire.
Son travail Tchernobylsty, prix Kodak de la Critique 2001, paraît en octobre 2003, et remporte le prix Fuji du livre l’année suivante. Après Oswiecim, un travail documentaire sur Auschwitz de nos jours – exposé au festival Transphotographiques de Lille au printemps 2005 -, il s’intéresse à Skhodra, petite ville en Albanie du nord où des familles cloîtrées subissent encore la tradition de vendetta. Visa pour l’Image expose ce reportage en septembre 2004.
La même année, il obtient la Bourse 3P pour produire son travail sur Nagasaki et les conséquences de la bombe atomique aujourd’hui. Prix Lucien Hervé en 2004, il continue à révéler les drames invisibles. Ses oeuvres ont été exposées à Visa pour l’image en 2004, au Jeu de paume en 2005, à la maison rouge , Foto España en 2007, à la galerie Silverstein à NY en 2008. En 2009 puis 2012, il obtient un World Press Photo.
Entre 2009 et 2011, il est le co-auteur du documentaire multimédia La Zone, qui obtiendra le prix France 24/RFI en 2011.
Membre fondateur de l’agence OEil Public, il est aujourd’hui représenté par l’agence IN STITUTE .

Guillaume Herbaut – Photographies
Du 9 novembre 2012 au 5 janvier 2013
Le Pavillon de Carré de Baudoin
121, rue de Ménilmontant
75020 Paris
France
T : 01 58 53 55 40

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