« Je suis intéressé par l’ambiguïté des images. Le fait que chaque photographie comporte des éléments artificiels et générateurs de véracité. »
Graham Miller
Au cours des sept dernières années, le photographe australien Graham Millr a élaboré un enregistrement photographique raffiné évoquant la réalité de la vie dans les banlieues urbaines à travers ses séries Suburban Splendour (Splendeur de banlieue) et Waiting for the Miracle (En attendant le miracle).
Suburban Splendour a vu le jour suite à des rencontres faites en conduisant, grâce à l’observation assidue du quotidien des gens peuplant ces lieux, et a souvent été inspiré par la littérature et le cinéma. Des films de Paul Thomas Anderson et Ray Lawrence ont joué leur rôle, tout comme les écrits de Richard Ford et les chansons de Paul Kelly. Mais l’inspiration sans doute la plus marquante est venue des lignes du nouvelliste Raymond Carver. Celui-ci décrit la vie pleine de désespoir des ouvriers, des gens qui cherchent leur voie au sein de l’obscurité en espérant que peut-être, la semaine prochaine, les choses se passeront mieux. Chorégraphiées par le biais d’une composition savante de la mise en scène, de la lumière et de l’environnement, ces « courtes histoires visuelles » son des récits élégants, irrésistibles et très ouverts. Le travail de Carver explore la fragilité humaine, les luttes quotidiennes et les situations de rupture prêtes à exploser juste sous la surface de la réalité péri-urbaine, et les cadres cinématiques de Suburban Splendour rendent l’esprit de ces plaintes silencieuses auxquelles Carver se réfère.
Poursuivant sur la lancée des idées explorées dans Splendour, la série Waiting for the Miracle combine des images construites avec des portraits d’étrangers rencontrés dans la rue. Moins cinématique et plus documentaire dans sa finition, ce travail est fluide et ambigu, explorant la narration non seulement à l’intérieur du cadre, mais aussi dans le jeu entre les images. Ici, les jeunes protagonistes « s’accrochent délicatement, mais avec ténacité à un possible espoir et à une détermination » (Robert Adams, Beauty in Photography). Ces deux séries traduisent l’idée que ces gens sont des survivants. Confus, mais pas irrémédiablement perdus ; ils sont porteurs d’une forme de résistance digne, et d’un optimisme fragile. Ils éprouvent le désir, comme nous l’éprouvons tous, d’être transportés de l’ombre à la lumière. Graham Miller a suivi un cursus pour devenir vétérinaire, mais après avoir exercé ce métier pendant sept ans, il est retourné à l’université pour étudier le cinéma et la photographie à l’université Edith Cowan de Perth, en Australie occidentale, dont il est sorti après avoir validé un double cursus.
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