Lucente
« Quand nous regardons le monde, nous le faisons avec la conscience de mener une action vers ce qui est devant nous. Pour cette raison, nous voyageons, visitons des musées et retournons même aux mêmes endroits quelque temps après. Ce que nous regardons s’arrête devant nous avec un appel, demandant un temps d’attente indéterminé qui s’accompagne d’une hypothèse simple : nous ne pouvons pas en avoir assez.
Être dans cette pièce, sur cette plage ou assis sur ce banc à ce moment-là est à la fois le résultat d’une décision qui a conduit à une circonstance mais aussi d’une circonstance qui s’est traduite par une action. Pour une raison quelconque, évidente ou non, nous sommes là, à l’écoute. La manière dont cela se passe est dictée par des variables personnelles qui nous poussent à prendre position et à jouer un rôle, pour lequel nous avons une vision consciente de ce qui se passe devant nous, trivialement le flux des choses, en oubliant tout ce qui est derrière nous . Cela peut arriver pendant très longtemps ou juste une seconde, mais cela arrive tout le temps.
Mais comment va le monde derrière nous ? Qui nous regarde pendant que nous vivons ce moment ? Comment le champ visuel apparaît-il avec nous au milieu ? Ce sont les pensées qui me viennent à l’esprit pendant que je tourne, dépeignant quelqu’un qui est conscient de ce qui est devant lui mais qui n’a aucune conscience de ce qu’il produit en étant là, à ce moment précis. C’est comme si, dans sa distraction, il posait inconsciemment, attendant de créer des scènes rayonnantes avec le milieu environnant de la vie qui s’enfuit bientôt, avec ses propres pensées en mouvement.
Puis le paysage se transforme et emporte la présence de mon modèle, comme s’il n’avait plus de mémoire. Peut-être attendra-t-il d’autres, prêts à adopter un rôle nouveau et unique que je ne pourrai pas photographier.”
Giulia De Marchi
