Avec Sound is different from noise, Gioia de Bruijn expose à Amsterdam. Composé d’images personnelles et de photographies en noir et blanc, le parcours nous livre une cacophonie visuelle, faite de paysages urbains, d’aéroports et de gratte-ciels, peuplée de fêtards, de clochards et de junkies. L’atmosphère qui s’en dégage se situe à mi-chemin entre la franchise presque brutale et la sensibilité. Partout, des textes, des textes innombrables, inscrits sur de petits morceaux de papier.
L’artiste tient à ce que nous comprenions ses pensées. Pour représenter son monde intérieur, elle s’appuie sur ses photographies, à la fois individuellement et collectivement. Il y a là par exemple un portrait d’elle-même, nue dans son bain et en colère. Un autre, dans lequel la photographe, postée devant une fenêtre qui donne sur une église catholique, retire son tee-shirt. Un homme au chômage, dans le Nevada, un Amérindien qui vient de voter pour le président Trump (I am voting for Trump give me five Navajo Indian reservations – je vote pour Trump, donnez-moi cinq réserves pour les Navajo). Une maison close juste à côté d’une station essence (Alien cat girls brothel, Death Valley, 2016 – le bordel des femmes chats venues d’ailleurs). Un lit défait, à Anvers (Bed, Anvers, 2016). Deux personnes accoudées à une fenêtre dans une banlieue de Lyon (Dudes by the window, 2016).
L’exposition comporte une quarantaine de photographies de bâtiments, passants et objets, qui ne diffusent aucune information ni signification claire. Dans sa série en noir et blanc Empty Cities (2010, en cours – cités vides), les façades lisses et interminables des gratte-ciels nous offrent tout un microcosme, au sein duquel le passage du temps et l’intensité sonore sont différents. Pour sa série Weekend warriors (2009 à 2016 – guerriers du week-end), Gioia de Bruijn regarde au-delà de la portée documentaire, pour capturer la globalité. Elle s’intègre à un documentaire sur sa propre vie, éliminant ainsi ce que ses images pourraient avoir de voyeuriste. Ses amis fixent son objectif d’un œil stoïque. Après trois ou quatre jours d’excès, ils sont défoncés, bourrés de pilules, ivres morts, mais pleins d’assurance – on pourrait même dire qu’ils frôlent l’arrogance. Leurs regards pénétrants ont quelque chose d’accusateur et de provocateur.
Gioia de Bruijn, Sound is different from noise
18 mars – 22 avril 2017
Flatland Gallery
Lijnbaansgracht 314
1017 TD Amsterdam
Pays-Bas