Antipersonnel
Les mines antipersonnel, l’un des plus atroces engins de mort, indétectable et sophistiqué, font chaque année de milliers de victimes. Photographiées en couleur, en studio, sur fond noir, sous un éclairage qui pourrait s’apparenter à celui que l’on utilise pour la joaillerie, elles deviennent de beaux objets. Les textes et chiffres précis qui les accompagnent n’en deviennent que plus terrifiants. L’une des caractéristiques de l’usage des mines antipersonnel est de les dissimuler afin que les victimes potentielles ne puissent les détecter. En les montrant, en les esthétisant à contrepied de ce qu’elles opèrent et évoquent, le photographe transgresse toutes les lectures ordinaires de ces armes. Une façon d’affirmer que, s’agissant des images, ici à l’échelle 1 par rapport aux objets, c’est leur mise en contexte qui fait sens. Dans cette alliance de documentaire et de conceptuel, la prise de position radicale nous éloigne des clichés des victimes des mines. Elles n’en sont que plus efficaces dans la dénonciation.
