War Theatre
Le réel est, bien souvent, plus surprenant que des fictions que nous prenons pour exagérées ou folles. En le documentant, avec un choix permanent de la distance juste face au spectacle contemplé et grâce à une palette subtile et des lumières extrêmement fines, les images nous obligent à douter. Ce sont pourtant bien certains de nos contemporains qui, en uniforme, rejouent des scènes historiques. Comme si la guerre et l’histoire étaient de simples jeux. Ils le font en organisant des reconstructions de moments de la Seconde Guerre mondiale à travers toute l’Europe d’Espagne en Finlande, et en campant des figures d’autant plus crédibles qu’elles dialoguent avec des images connues, tant d’archives que venues du cinéma. Car c’est le septième art, bien plus que le théâtre, qui fonde l’esthétique de cette pratique de la mise en scène qui, ici, n’est pas systématiquement organisée par le photographe mais par les acteurs eux-mêmes. On sait qu’aujourd’hui l’esthétique du cinéma est certainement celle qui a la plus grande influence sur l’expression photographique. Ce Théâtre de la guerre, documenté avec des références esthétiques très contemporaines, questionne vérité et fiction autant que la nature de la photographie.