Horror in Pink
En 2001, pour évoquer à la fois le souvenir des étudiants massacrés en 1976, les multiples coups d’Etat militaires et la violence dans son pays, celui qui se définit lui-même comme un “activiste” a réalisé une série de photomontages. Il a remis en scène dans les documents en noir et blanc des photojournalistes de l’époque — certains primés au World Press Photo —, son personnage fétiche, Mister Pink. Cet acteur populaire des séries télévisées, affublé d’un costume en soie d’un rose flashy, portant souliers vernis — et naturellement roses —, équipé d’un téléphone portable rose et d’un caddie peint en rose qu’il ne quitte jamais, figure une parfaite caricature de la consommation. Au milieu du désastre et par delà le temps, il participe, se délecte de la situation, semble donner des ordres. Malgré les apparences, les temps n’ont pas profondément changé et la lutte continue entre dominants et dominés. Le choix de la forme, la réhabilitation du montage qui connut ses grandes heures à l’époque surréaliste et dans les journaux et affiches avant-gardistes des années dix à quarante, pour l’exaltation de la révolution russe comme dans la lutte contre le fascisme et le nazisme, redonne une actualité à un genre que l’on croyait daté. Grace aux facilités qu’offre aujourd’hui le numérique.