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Gérard Rancinan & Caroline Gaudriault : Le Voyage Immobile – Et tout recommencera…

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par Caroline Gaudriault

Puisque la nature repousse quoi qu’il advienne, que les choses de la vie suivent indéfectiblement leur cours, que l’impondérable est un corollaire au vivant, puisque tout recommence toujours… il y a des renaissances nécessaires.

La vanité des hommes se heurte régulièrement aux répétitions de l’Histoire. Leur volonté progressiste les pousse vers l’avant et il suffit d’un pas de trop ou de travers pour que les lois naturelles reprennent leurs droits sur une humanité trop conquérante, pour qu’elles tentent de rééquilibrer le vivant en le plaçant face à la fragilité du monde et à son destin éphémère.

L’artiste ne cherche pas à changer le monde, il n’est pas doué de ce pouvoir, mais il traduit les pulsations de son époque en se confrontant aux grands thèmes artistiques universels qu’il réinterprète sans cesse. Le sentiment de décadence et de déclin d’une civilisation est le reflet d’une société en transition, dont la plus fantasmée par l’histoire occidentale fut celle de la fin de l’Antiquité. Est-elle à nouveau en proie aux fantasmes cette conscience actuelle d’une nouvelle mutation ? Le monde brûle, les statues tombent, le désir de purger l’Histoire outrage la mémoire, les idéologies imposent leurs droits, l’art conceptuel contemporain se pastiche et se meurt dans sa vacuité de sens, les catastrophes écologiques et épidémiques s’emparent des territoires où tente de se fixer la confusion.

Mais du chaos naissent les roses : le laurier-rose, les eucalyptus et les ginkgo biloba ont survécu aux bombes nucléaires. La nature repousse toujours.

Le genre artistique des natures mortes répond à une nécessité contemporaine qui succède aux ruines. L’époque en quête de sens et d’essentiel cherche ses traces pour mieux s’engager vers une renaissance. Les natures mortes marquent un temps imprescriptible symbolisé par ses signes et ses empreintes sur lesquelles on peut revenir sans cesse, comme une riposte à la tentation d’une Tabula Rasa et d’une dématérialisation complète.

Les compositions méticuleusement agencées de choses inanimées et de vanités soumettent les désirs humains à l’humilité et au temps qui passe. Avec pudeur, elles dévoilent toute leur beauté fugace. Ces objets, pour la plupart dérisoires, dépassent leur fonction première et leurs références culturelles ; ils vont chercher les profondeurs de notre intime. Ils n’imposent pas de regard sur ce qu’ils sont mais invitent à une réminiscence proustienne de nos souvenirs, de nos résonances, de notre mémoire. Il n’est pas question que la chose prenne le pouvoir sur l’Homme, mais l’engage, à la frontière du réel et de l’imaginaire, vers son propre voyage immobile.

Caroline Gaudriault

 

Gérard Rancinan & Caroline Gaudriault : « Le voyage immobile, et tout recommencera… »

Du 14 janvier au 4 mars 2021

NOT A GALLERY 
104 avenue Raymond Poincaré
75116 Paris
tel: + 33 (0)1 85 73 19 45

www.not-a-gallery.com

 

Le Voyage Immobile par Caroline Gaudriault

éditions Paradox

https://www.editionsparadox.com/

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