Carte Blanche Palais Galliera
Après m’être aventuré dans l’antre d’un Palais Galliera en chantier, un fil d’Ariane prometteur au sein des corridors contrastés m’a naturellement mené jusqu’aux coulisses de l’exposition Chanel, Manifeste de Mode afin de traduire un nouveau chapitre décisif dans l’histoire de la mutation du musée.
Peu à peu, les ouvriers ont fait place aux restaurateurs, les échafaudages aux vitrines, les ombres casquées aux mannequins dénudés, créant ainsi un univers hybride, nécessairement éphémère, au sein duquel les rencontres fragiles et improbables ont fini d’achever la métamorphose du lieu. Les galeries rénovées du Palais se sont alors peuplées de pâles silhouettes suspendues, chrysalides impatientes ou insolentes de nudité, demoiselles rappelées d’un passé fastueux, retrouvant leurs parures impérieuses pour redire au monde leur souveraineté, et faire valoir leur criante actualité. Profitant des toiles mirolèges et autres glaces sans tain comme de pièges, j’ai entrepris de capturer ces fugitives, figeant le temps d’un déclenchement leurs courses silencieuses vers la scène, surprises dans leur dialogue secret avec celles et ceux qui les habillent. Passantes effrénées, manipulées, soignées, troquant leurs costumes polyanés contre des robes de soirées, ces nymphes qu’attend le feu des découpes prennent curieusement vie dans ces nouvelles pièces voûtées, défiant audacieusement les lois du vivant et de l’inerte, et animant ainsi un patrimoine unique dans sa leçon d’histoire ininterrompue – celle de la mode comme reconquête perpétuelle de l’élégance et gage de liberté.
Geoffroy Ménabréa
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