Gallery Fifty One Too présente la quatrième exposition personnelle du photographe japonais Yamamoto Masao (°1957). Dans ‘Tomosu’, l’artiste présente de nouvelles œuvres, notamment une sélection de photographies créées à l’aide du procédé Ambrotype du XIXe siècle. Le titre de l’exposition signifie en japonais ‘éclairer, allumer une petite lumière dans l’obscurité’.
« Je photographie les petites et belles choses que je rencontre dans ma vie quotidienne. Je serais heureux si mes photographies vous parvenaient et devenaient une petite lumière dans votre cœur ».
L’œuvre de Yamamoto a indéniablement évolué au cours de la dernière décennie. Il est connu pour ses petits tirages – des objets délicats qui tiennent dans la paume de la main ou dans le portefeuille pour pouvoir être transportés comme un talisman – mais ces dernières années, ses photographies ont pris de l’ampleur. Alors que dans les expositions précédentes, ses tirages étaient montés directement sur le mur dans des constellations sinueuses dans lesquelles chaque image faisait partie d’une histoire plus vaste, les œuvres sont désormais plus autonomes et la relation physique entre le spectateur et l’objet photographique s’est quelque peu déplacée vers l’arrière-plan. Cependant, l’idée fondamentale de la vision artistique de Yamamoto – le lien avec la nature et l’attention portée aux choses subtiles qui nous entourent et nous en apprennent davantage sur les éléments de l’univers qui nous sont invisibles est restée la même.
Yamamoto vit dans la province de Yamanashi, à l’ouest de Tokyo, dans une maison entourée de forêts et de montagnes. Pour lui, la beauté et le bonheur découlent du fait de vivre en harmonie avec la nature. Dans ses photographies, l’artiste invite le spectateur à diriger son regard vers les petites choses que l’on peut trouver dans la nature sauvage, dont l’humain est étranger. Des êtres humains qui ne constituent par ailleurs qu’une partie infime de l’univers. Yamamoto traduit cette philosophie dans son travail en donnant à ses tirages une aura intemporelle. Grâce à des expériences dans la chambre noire, mais aussi en baignant ses tirages dans du thé et en déchirant, froissant et grattant leurs bords, il donne délibérément à ses photographies un aspect vieux et délavé, comme s’il s’agissait de souvenirs d’époques lointaines. Ces interventions manuelles – ainsi que la coloration des bords et l’application subtile des éclaboussures de peinture avec lesquelles Yamamoto, peintre de formation, explore les frontières entre photographie et peinture – rendent chaque tirage unique.
La nouvelle œuvre présentée dans « Tomosu » suit le langage visuel sobre caractéristique de Yamamoto par lequel il tente d’évoquer un large éventail d’émotions par simple suggestion. On y voit des images oniriques, nostalgiques et pures de paysages, d’oiseaux, de natures mortes, de portraits et de femmes nues. Mais ce que nous observons réellement est souvent difficile à définir. S’agit-il de photographies d’animaux sauvages ou de spécimens empaillés capturés en studio ? Yamamoto aime garder cela mystérieux et refuse de donner une explication explicite. Le but premier de ses images est l’expérience, plus que la compréhension, et chacun est libre de former sa propre interprétation.
Enfin, dans cette exposition, Yamamoto présentera pour la première fois une sélection d’ambrotypes. Grace à ce procédé introduit dans les années 1850 une plaque de verre est recouverte d’une fine couche de collodion puis plongée dans une solution de nitrate d’argent avant d’être montée dans un appareil photo grand format. L’insolation et le développement de la plaque de verre doivent alors être effectués avant que la plaque ne soit sèche. Le résultat est un négatif qui peut soit être imprimé au moyen d’un tirage par contact, soit – comme c’est le cas dans cette exposition – montré sous forme de positif en présentant la plaque de verre originale sur un fond de papier noir ou de velours. Les traces visibles laissées sur l’image finale suite au versement du collodion liquide et du révélateur sur la plaque sont typiques de ce processus photographique « humide ». C’est cet élément d’imprévisibilité et de hasard qui attire Yamamoto vers le procédé Ambrotype, ainsi que le sentiment de voyager dans le temps jusqu’aux origines de la photographie.
Yamamoto Masao : Tomosu
9 septembre – 28 octobre, 2023
FIFTY ONE TOO
Hofstraat 2
2000 Antwerpen
T: +32-3-2338814
https://www.gallery51.com/fifty-one-too/