Philippe Abergel présente une exposition intitulée Je me souviens jusqu’au 21 décembre à la Galerie XII de Santa Monica. Il écrit :
Dans ce projet, Amor-Fati / E6, j’ai cherché à transmettre à travers mes photographies le sentiment qui m’anime et me submerge quand je prends une photographie d’un lieu ou d’un paysage qui me touche. Je suis souvent frustré par les photos de paysage qui ne transmettent pas la richesse émotionnelle au moment de l’acte photographique.
Tenter ici de faire part de l’emotion du moment en y apportant le chaos de la nature qui nous entoure, le vent, les odeurs, la confusion des sentiments face à la beauté d’un moment fugace…
J’ai souhaité ici montrer plutôt le souvenir que j’ai de ce moment photographique, nous emmener dans la mémoire que j’ai de ce lieu, de cet instant…Et comme on le sait, les souvenirs ne sont pas toujours très précis, ils fluctuent avec le temps.
Pour réussir mon projet, je devais apporter un peu de chaos dans mes images, car je savais qu’à travers ce chaos naîtraient cette emotion et ce sentiment de poésie qui entourent souvent le souvenir d’un endroit qu’on a aimé.
J’ai créé pour cela un protocole utilisant le film photographique comme le ferait une caméra de cinéma.
Je crée mentalement mon cadrage et détermine mentalement les limites de mon image, puis je photographie toutes les parties de l’image.
J’ai voulu aussi ne pas tout contrôler dans mon protocole; pour cela j’ai modifier mon appareil photo afin d’agrandir le taille de l’image insolée sur la hauteur de mon film, et donc insoler entre les petits trous qui servent à faire avancer le film mais sans la possibilité de le voir lors de mon cadrage quand mon oeil est dans le viseur. Je faisais donc entrer ici le hasard: ce qui prenait vie sur les bords de mon film ne dépendait pas de moi…
Après le développement de mon film, je rassemble toutes ces photos qui composent l’image finale, de la même manière que j’aurai rassemblé mes souvenirs.
Une partie importante du concept est que mon protocole de prise de vues me donne une liberté incroyable dans ma façon de cadrer mes images. Rectangle, carré, en bande….
Il est intéressant aussi de constater que ma photographie montre autant d’espaces-temps que le nombre de photos prises pour créer l’image finale.
Une image photographique avec autant d’espaces temps…cela n’avait jamais été fait auparavant sur film…
Ma photographie est un pont entre la photo et le cinéma, mais aussi et surtout un hommage au film inversible 24X36.
Philippe Abergel
Philippe Abergel : Je me souviens
Jusqu’au 21 décembre 2024
Galerie XII
Bergamote Station
2525 Michigan Avenue
Santa Monica CA 90404
www.galeriexii.com