Utiliser un appareil photo argentique est toujours un pari. On pense savoir ce qu’on a pris, mais au final c’est souvent autre chose, parfois en mieux parfois en flop. Faire des surimpressions fait monter le taux d’incertitude de plusieurs crans car on ne sait pas comment les deux images vont s’entendre sur le film. Au départ il y a l’idée de jouer avec la mémoire instantanée pour mélanger deux impressions, deux graphismes en noir et blanc appartenant au même lieu. Comme si on essayait de concrétiser un instantané de photo fiction que notre imagination aurait créée de toutes pièces. Pour moi, ce délire renferme une magie créative aux possibilités aussi infinies que fascinantes surtout dans un paysage urbain aussi riche que Paris. Quand la pellicule encore mouillée sort de la cuve l’adrénaline est à son maximum car c’est là que l’on va savoir si l’imaginaire a rencontré le réel. Rien d’autre ne peut vous donner ce sentiment d’avoir réussi quelque chose là où tout pouvait vous échapper. La sensualité du film en plus.
Paul Khayat
Après une licence de mathématiques, en 1974 Paul Khayat part faire un tour du monde qui durera 3 ans. A son retour il travaille comme tireur au laboratoire des agences Sipa puis Sygma qu’il quitte pour tenter sa chance comme photographe. En 1984, après six ans de photo reportage (free lance, agences Imapress et Angeli) il passe à l’écriture et travaille comme journaliste dans plusieurs magazines consacrés à la photographie (Photo Reporter, Photo Magazine, Photographies Magazine et enfin Photo pendant 9 ans). Ensuite, de 1999 à 2016, il est rédacteur des rubriques high-tech de Paris Match. Parallèlement, il revient à la photographie et expose ses images en Normandie et à Paris ainsi que sur Facebook et Instagram. Depuis 6 ans il travaille exclusivement en argentique avec un Rolleiflex dont il développe lui-même les films. Amoureux du noir et blanc et de la double exposition, Paul Khayat regarde Paris à travers le viseur carré de son boîtier. Ses images intemporelles de la Ville lumière captent son identité dans ce qu’elle a de plus intime. De pierre ou de fer, le paysage urbain communie avec le soleil, la nuit et l’Histoire.
Paul Khayat – Paris Double (tirages argentiques)
du 30 mai au 7 juin 2023
Galerie Taylor
7 rue Taylor 75010 Paris
http://paulkhayat.com
https://atelier-galerie-taylor.fr/