La galerie Parallax présente l’exposition Aux petits oignons… de Denis Brihat.
« L’oignon est un astre et une cellule, une branche et un pli de chair. Sa structure témoigne de sa génétique de croissance, c’est un précis de mûrissement. Sa couleur innommable que traduisent les virages à l’or, réalisés sur les tirages argentiques, crée une teinte que seule celle d’une peau peut évoquer : une membrane devenue surface, une foliation devenue parure, une couleur qui est tout aussi bien une matière. » – Extrait du texte de Michel Poivert
Denis Brihat a d’abord pratiqué la photographie de reportage et d’illustration. En 1957, son travail réalisé en Inde lui vaut le prix Niépce en 1957.
Il ouvre la voie à une génération de photographes-auteurs. Il est l’un des premiers à militer pour que la photographie soit reconnue comme une expression artistique à part entière, grâce à des tirages soignés, numérotés à peu d’exemplaires et souvent de grand format.
Dès 1958, le photographe délaisse la capitale pour mener une vie frugale et proche de la nature dans le Luberon. Il y fait des rencontres marquantes à l’instar de Pablo Picasso ou de Fernand Léger avec lequel il participe au Groupe Espace, réunissant artistes et architectes dans une même ambition, celle de l’unité de l’art.
Régulièrement invité aux États-Unis, il est l’un des premiers photographes français exposés par John Szarkowski en 1967 au MoMA de New-York, avec ses amis Jean-Pierre Sudre et Pierre Cordier.
Denis Brihat est aussi un fervent partisan d’une valorisation démocratique de la photographie. Il participe aux expositions de la galerie Agathe Gaillard, l’une des premières galeries de photographie à Paris, ouverte en 1975. Il figure parmi les fondateurs du festival des Rencontres Internationales de la Photographie d’Arles avec Lucien Clergue, et est aussi de l’aventure du Château d’eau à Toulouse avec Jean et Michel Dieuzaide.
Au fil des années, Denis Brihat développe son axe de recherche visuelle : l’étude attentive de la nature et plus particulièrement du monde végétal. Il voit notamment son jardin, qu’il cultive avec passion, comme une métaphore du monde. Nourri de philosophie et de littérature, l’artiste est fasciné par la musique de Jean-Sébastien Bach. Il transpose le système musical du contrepoint afin de créer, à partir d’un même motif – un légume, une fleur, un arbre etc. -, une vraie polyphonie. Grand admirateur d’Edward Weston, proche des photographes américains Aaron Siskind, Paul Caponigro et Irving Penn, Denis Brihat photographie au plus près de son sujet d’étude – lichens, oignons, coquelicots. L’abstraction et le fragment forment les bases de sa syntaxe visuelle. Le passage du microcosme au macrocosme est aussi important chez lui que celui du noir et blanc à la couleur. Ses étonnantes photographies, tirées en noir et blanc et virées ensuite avec une multiplicité de métaux et pigments pour se rapprocher au plus près de la couleur naturelle, témoignent de son audace expérimentale. Denis Brihat affirme la matérialité du tirage et cherche l’excellence.
Passeur d’images et de savoir-faire, il fait rapidement école par son exigence technique : des photographes du monde entier viennent suivre dans sa maison-atelier de Bonnieux l’enseignement du maître, à l’instar du photographe Jean-Marc Bustamante, impressionné par l’originalité de Denis Brihat et la manière dont, très tôt, il choisit de mettre en valeur la qualité picturale et ornementale de la photographie.
Denis Brihat : Aux petits oignons…
du 8 février au 16 mars 2024
Galerie PARALLAX
3 rue des Epinaux
13100 Aix en Provence
www.galerieparallax.fr