Nous connaissons l’artiste belge Bart Ramakers principalement pour ses mises en scène photographiques élaborées, dans lesquelles il actualise de manière parfois humoristique des scènes mythologiques, des légendes, des évangiles et d’autres récits classiques. Dans ce processus, il mélange des éléments narratifs très divers et aime inverser les rôles, mettre les choses à l’envers, pour créer une nouvelle mythologie, parfois aliénante et surréaliste, souvent baroque, toujours somptueuse dans un excès de détails, sensuelle et enchanteresse.
De côté
On a vu cet artiste faire régulièrement des sauts de côté récemment. Il a collaboré avec d’autres artistes (William Sweetlove, Flora and the Water Warriors), il s’est concentré sur les autoportraits et la sculpture pendant la période Covid, a réalisé un projet photographique participatif (Sandwiched, Ostende) et a organisé des expositions (Hallelujah, Bree). Dans toutes ces activités, il crée des liens entre des gens afin de les inciter à la réflection sur les sujets vraiment importants aujourd’hui : le climat, l’égalité, la diversité de la société.
La liberté
Bart a déclaré dans une interview récente que son travail veut stimuler l’imagination des spectateurs, créer un monde parallèle comme un sanctuaire face à une réalité qui devient de plus en plus puritaine, restrictive et normative. Il veut créer un monde où chacun peut être ce qu’il veut être, où chacun peut vivre ses rêves, où tout ce dont on peut rêver peut devenir réalité – et où tout ça est tout à fait normal, où l’on retrouve la liberté.
Les passions humaines
Dans ses dernières œuvres, Bart Ramakers revient à son théâtre familier : celui des passions humaines, et il est plus inspiré que jamais. Un couple à moitié nu danse dans une boîte de nuit sulfureuse au son d’un orchestre de jazz, Otto Dix et George Grosz regardant par-dessus l’épaule des musiciens. Un trio de jeunes hommes, pas encore entièrement vêtus d’un tutu de ballet, fait son apparition lors d’une fête d’anniversaire – on dirait un jugement de Paris à l’envers. Trois serveurs se livrent à un étrange rituel autour du client solitaire d’un restaurant – une recréation d’un fantasme de Moebius. Dans une taverne, une jeune serveuse arrose des fleurs artificielles, entourée de vieillards solitaires… flower power !
Ostende
Ostende a pris une place de plus en plus importante dans l’œuvre de Bart. C’est là qu’il a créé « The Muse Checkmate » dans l’emblématique Brasserie du Parc, une ode au surréalisme de Marcel Broodthaers, Marcel Duchamps et René Magritte. Son « Ostende Reine des Plages » jette un regard nostalgique sur la période de l’entre-deux-guerres, lorsque la ville balnéaire a connu son dernier âge d’or : une femme et un homme sirène, porteurs de l’armure héraldique de la ville, se partagent un riche butin de poissons, avec un bateau de pêche typique et le Casino à l’arrière-plan.
Confiance
Les œuvres récentes de Ramakers révèlent une grande maîtrise. On retrouve régulièrement les mêmes modèles, toujours dans des rôles différents, complétés par des personnages toujours nouveaux. On se croirait parmi une troupe de théâtre itinérante, où tout le monde se connaît, où tout le monde se renforce. L’énergie positive et la confiance éclaboussent la plaque sensible – la frontière entre le théâtre ou le film et la photographie semble de plus en plus invisible. Il ne fait aucun doute que l’on s’est bien amusé sur ces plateaux, devant et derrière les coulisses.
Fête
Méditations d’un vieil homme blanc sur la temporalité de la beauté? Parodies? Clichés ? Fantaisies libératrices ? Qu’importent les intentions du créateur, tout dépend finalement de l’œil de celui qui regarde… en tout cas, c’est un régal pour les yeux !
GENESIS
Nouvelles oeuvres de Bart Ramakers dans une expo avec Panamarenko, James Ensor, Frédéric Fontenoy, Joël Person, K. von Klingenberg, Pascal Berthoud. Galerie Papillon, Madridstraat 2 Ostende, 1 avril – 28 mai 2023, vendredi – dimanche 14 – 18h.
Galerie Papillon
Madridstraat 2
8400 Ostende, Belgique
www.galeriepapillon.be
