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Galerie Miranda : Laura Stevens : Tu oublieras aussi

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La Galerie Miranda présente une nouvelle exposition de l’artiste Laura Stevens (née en 1977, Britannique), intitulée Tu oublieras aussi. Réputée pour son travail de commande de portraitiste pour la presse internationale, dans ses projets personnels Laura Stevens explore les interstices entre l’intime, le paysage et le rapport de l’artiste à son sujet. Pour sa première exposition à Galerie Miranda, Corps d’hommes (2020), Laura Stevens proposait un regard féminin sur le corps masculin, photographié dans l’espace intime de sa chambre parisienne. Pour cette deuxième exposition, l’artiste reste dans un espace intime mais pose son regard cette fois-ci sur deux corps et le lien entre eux, en se posant la question du souvenir du désir et de sa représentation: que reste-t-il du désir, quelles images ?

Jusqu’à présent l’histoire de la photographie érotique est largement écrite par et pour les hommes (Araki, Newton, Molinier, Mapplethorpe…), avec des images en général explicites et performatives, construites sur un rapport dominant-dominé. Quelques femmes ont su marquer ce champ photographique mais en général dans un registre, transgressif ou contestataire (Krull, Natalia L., Ionesco, Cahun), qui a peu impacté le statut quo. La liste est heureusement plus longue de femmes qui ont fortement impacté d’autres champs de la photographie – documentaire, expérimentale et conceptuelle.

Confrontée au poids historique de ces photographes et photographies, Laura Stevens se fraie discrètement son propre chemin, féminin, libre et égalitaire. Se situant dans la lignée des photographes de l’intime anglo-saxonnes comme Jo Ann Callis, Nan Goldin, Lise Sarfati, Mona Kuhn, Laura Stevens propose un univers en couleur réfléchi, sensuel et assumé, dont le calme des mises en scènes feutrées trahit une tension émotionnelle. Ses images cinématographiques expriment les interstices du désir, des moments inachevés. La nouvelle exposition à la Galerie Miranda est ainsi construite de manière fragmentée, comme un flot de souvenirs de moments précis, réels ou rêvés: un lieu, un geste, une lumière, un mouvement. La nature est présente, nous rappelant notre petitesse face au grand infini. Les corps sont montrés simplement; le désir est à la fois invisible et partout.

En quittant pour toujours Casanova, Henriette, son grand amour, a écrit sur une fenêtre avec la pointe d’une petite bague en diamant, la phrase « tu oublieras aussi ». Tatouée au bras d’un amant de Laura Stevens, cette phrase lui rappelle le paradoxe essentiel du désir – à la fois gravé dans la peau et voué à l’oubli.

 

Allongée sur son torse, je vois ces trois mots — « Tu oublieras aussi » — tatoués parmi les montagnes de l’intérieur de son bras gauche. Ces mots qui m’ont toujours hanté. M’oublieras-tu? T’oublierai-je? Quels souvenirs garderons-nous?

Je me retire du présent et regarde notre scène d’en haut, enveloppés l’un dans l’autre dans le noir. N’oublions pas, nous avons chuchoté.

Nos corps, nos frontières, qui, dans le ravissement, ont débordé. Et chacun dans sa peau est retourné dans sa solitude. M’as-tu laissé un signe, pour que je puisse retrouver le chemin du retour?

Je me tourne vers les autres. Dites-moi comment vous vivez votre désir. Est-il contenu, accommodant, discret? Est-il fluide, farouche, intrépide ? Que sommes-nous autorisés à desirer, que sommes-nous autorisés à faire ? Voyez-vous aussi la couleur bleue ?

Tant d’ardeur dans un si petit espace;  celui d’un corps, de l’amour et des futurs possibles. Échappant à notre prise, toujours fuyant, évoluant et éruptif. 

Depuis des années, je lutte contre ces mots écrits sur ta peau. Mais il n’y a rien à faire. Nous oublierons. Pourtant, nous nous accrochons. – Laura Stevens

 

Laura Stevens (Britannique, née en 1977) vit et travaille à Paris. La pratique de Laura Stevens est celle d’un regard qui revendique son point de vue féminin. Autobiographique à ses débuts, son travail explore les conséquences de l’acte de regarder, que ce soit un portrait ou du paysage. Cherchant à créer une tension visuelle, elle explore des notions de l’espace intime et l’interaction entre émotion et environnement. La relation entre l’artiste et le sujet est aussi au cœur de son travail, lui permettant de créer des projets photographiques autour de la solitude, de l’intimité, du deuil, du désir.

Son travail a été exposé dans des musées, des galeries et des festivals dans le monde et son travail a été récompensé par de nombreux prix, dont le Prix HSBC pour la Photographie qui l’a nommé finaliste en 2019.  Ses photographies ont été publiées dans The British Journal of Photography, Wired, Variety, The Times Magazine, The Washington Post, Libération and Télérama. Laura Stevens est diplômée de la Leeds Metropolitan University et de l’University of Brighton.

Site web de l’artiste : www.laurastevens.co.uk

 

Laura Stevens : Tu oublieras aussi
du 11 mai au 30 juin 2023
Galerie Miranda
21 rue du Château d’Eau
75010 Paris France
www.galeriemiranda.com

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