On dit souvent de la photo qu’elle fixe à tout jamais un instant, qu’elle arrête le temps et fige un moment de vie. Mais ici, en me perdant dans le défilé des photos de Philippe, ce qui m’a frappée au contraire, c’est ce ressac d’instants. Assise face à ce diaporama dans la pénombre de cette cabane, j’ai eu l’impression d’être immergée dans une pluralité de vies, dans un bain de moments.
J’y ai vu le temps à l’œuvre, celui d’une scène qui est en train de se faire sous nos yeux- comme si l’avant vivait encore de ses stigmates qu’on devine et que l’après se laissait imaginer. Loin d’une fixité, c’est un présent en mouvement qui se laisse apercevoir, plus encore, qui se donne à voir. Ce temps, ce mouvement qui s’échappent de ces photos, c’est la vie elle-même !
D’une impression, d’un tirage ou bien d’une image numérique, se dessine une profondeur, un rapport entre le ou les sujets et Philippe. L’indicible transcende et crée du mouvement, cette impression de plongeon dans un avant qui perdure ici et maintenant, à l’instant du regard de l’observateur.
De « l’après-demain, demain sera hier » résonne en miroir la sensation que l’avant-avant-avant-hier est dans son propre futur un aujourd’hui. Ainsi sont les photos de Philippe, un aujourd’hui, un présent semblant mouvant qui se fait l’écho d’hier, de ce temps où celui-ci a pressé son doigt pour que ce moment vive encore. Et il vit encore !
Joséphine Constantin
Après-demain, demain sera hier
Photographies de Philippe Gabel
Exposition 19 octobre / 14 novembre 2021
Vernissage samedi 23 octobre 18h-22h
Mind’s Eye / Galerie Adrian Bondy
221 rue Saint-Jacques
75005 Paris
06 85 93 41 92