Margaret Lansink (1962) décrit son approche comme suit: «qui nous sommes est défini par notre environnement et notre histoire (familiale)» et elle continue «Je me sens souvent comme une spectatrice; regardant ce qui se passe de l’extérieur; comment et pourquoi nous réagissons les uns aux autres comme nous le faisons. Dans mon travail, j’étudie ces relations et j’essaie de faire le lien entre le personnel et l’universel ».
Ce n’est qu’au cours des dernières années qu’elle s’est consacrée à la photographie, mais c’est précisément cela qui apporte une énorme expérience de vie et une profondeur au travail. Elle n’opte pas pour une démarche intellectuelle mais pour une approche basée sur les sentiments, l’intuition et les émotions. Ces émotions sont reconnaissables, elle se questionne, elle questionne l’essence d’être une femme.
Lansink travaille à partir d’une passion artistique profonde et d’un engagement pratique. Elle conçoit ses propres livres, elle intègre différentes techniques et ressent un lien profond avec la nature.
Même si le travail traite de ses propres expériences, Lansink évite la représentation directe de ses émotions. Au contraire, elle opte souvent pour une approche symbolique: son avant-dernière série «(Re)Connexions Humaines» portait sur le rétablissement des relations avec sa fille. Ses images faisaient alors référence à la technique japonaise du Kintsugi du XVe siècle, dans laquelle les céramiques brisées sont réparées avec de l’or, une réflexion sur le caractère éphémère ou comment le restauré devient plus précieux que l’objet d’origine. Le symbolisme et le mystère sont une constante tout au long de son travail
Son travail récent Body Maps (Cartes des Corps) est un plaidoyer pour la positivité corporelle. Elle voit un malaise à propos du corps et du processus de vieillissement chez ses pairs. Ils se cachent derrière des produits de beauté, derrière des vêtements ou recourent à la chirurgie esthétique. L’étincelle de ce sujet est venue littéralement lorsqu’elle a été confrontée au Portugal à la destruction de la nature par des incendies dans des plantations d’eucalyptus. Elle a pris des photos, mais avec cette caractéristique personnelle, elle a emporté avec elle du charbon de bois qu’elle utilise dans son processus de création. Il y a là aussi un lien avec la nature.
Le titre et la ligne directrice de l’exposition sont le poème éponyme Boby Maps de la poète sud-africaine Ingrid De Kok du recueil Seasonal Fires 2006. La dernière phrase du poème sur la relation avec le corps résume tout, et Lansink prend cela comme une ligne directrice :
Prend le Trace le Décrit le Souvient toi (Take it Trace it Map it Remember)
Photographe et éditeur du livre Body Maps (fortement recommandé mais épuisé), Valentino Barachini (1963) a écrit sur le travail de Lansink:
La carte d’un corps érodé.
La peau ne ment pas:
c’est la carte de l’âge d’une personne;
c’est le papier
sur lequel ses choix, ses échecs, ses passions, ses peurs
sont écrits.
Le corps nous définit,
il stratifie et guérit le passage du temps
sous des voiles, des couvertures et des cachettes.
Comme le tronc des arbres.
ça change,
il est froissé
ou devient mince et transparent,
définissant
L’exposition Carte du Corps/ Body Maps est une installation avec diverses approches et techniques que Lansink rassemble en un tout inspirant – certainement hautement recommandé.
Margaret Lansink : Body Maps
Jusqu’au 26 juin 2021
Galerie Deuss
Provinciestraat 11, 2018 Anvers
Jeudi, vendredi et samedi de 14h à 18h et tous les jours sur rendez-vous
E [email protected]
T 0032475 56 22 83
Plusieurs articles ont déjà été publiés dans L’œil de la Photographie sur Margaret Lansink – Une sélection peut être trouvée ici:
https://loeildelaphotographie.com/fr/evenement/sortie-du-5eme-numero-de-la-revue-femmesphotographes/
https://loeildelaphotographie.com/event/galerie-xii-paris-margaret-lansink-reconnexions-humaines-dv/
https://loeildelaphotographie.com/galerie-caroline-obreen-hazenstraat-biennale-pp/
Sites Web de Lansink
https://www.instagram.com/margaretlansink/
Pour ceux qui sont intéressés par la poète Ingrid De Kok:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ingrid_de_Kok
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