Comme le rappelle le marchand d’art Spencer Throckmorton, l’historien de la photographie Helmut Gernsheim appelait Fritz Henle (à qui est dédiée actuellement une exposition dans la galerie éponyme), le « dernier photographe classique indépendant ». « C’était un de ces individus chanceux, chez qui les années tumultueuses avant et après la Seconde Guerre mondiale avaient généré une capacité à réinventer et remanier sa vie et son travail, » a expliqué Gernsheim. « Son père, un chirurgien allemand, avait un talent pour la photographie et a encouragé le jeune Fritz dans cette voie, et il a par la suite obtenu un diplôme du Bavarian State Institute for Photography, en 1930. Ensuite, son travail pour l’historien d’art américain Clarence Kennedy lui a permis de financer une série de voyages qui l’ont mené en Italie, en Grèce, en Méditerranée, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, pendant trois ans. Il a photographié des gens à la ville et à la campagne, occupés à travailler, étudier ou jouer ».
Il a eu l’opportunité de photographier l’Orient et l’Inde en 1935 et 1936, endroits auxquels peu de photographes européens avaient alors accès. Henle a photographié l’architecture et les paysages spectaculaires de ces contrées, ainsi que les conditions de vie dans les rues des villes de l’Inde, de Pékin ou encore dans le port de Shanghai. Sa première exposition eut lieu au magasin Mitsubishi de Tokyo, et il publia sa première monographie, This is Japan (voici le Japon), en 1937. Lorsque la situation politique européenne rendit les voyages dans ces pays plus improbables encore, les images de Fritz Henle gagnèrent en notoriété, dans les périodiques allemands comme dans leurs équivalents américains.
L’exposition Throckmorton est composée de tirages qui témoignent du large éventail de sujets traités par Henle, y compris des images de New York, de Mexico, de Paris et de la Chine ; des nus, des photos de mode, des images industrielles et des portraits de célébrités. Fritz Henle aimait explorer différents genres et était réputé aussi bien pour ses photographies de voyages et de mode que pour ses portraits et images documentaires.
Salué pour l’élégance léchée et incisive de ses photographies, Fritz Henle n’a jamais été bridé dans son art par les conventions ou les tendances. « Tu passes le reste de ta vie à essayer de maîtriser la lumière », a-t-il dit un jour. « Il ne faut pas longtemps pour savoir utiliser un appareil photo, mais découvrir tous les effets de la lumière, c’est une quête sans fin. La seule règle, c’est de regarder le monde autour de toi, même quand tu n’as pas ton appareil photo »
Fritz Henle, Photographs
Du 27 avril au 24 juin 2017
Throckmorton Fine Art
145 East 57th Street, third floor
New York, NY 10022
États-Unis