Une vidéo You Tube d’un enfant indonésien fumant à la chaîne m’a inspiré la série Smoking Kids (Enfants fumeurs). La vidéo mettait en lumière les différences culturelles entre l’est et l’ouest, et venait interroger la notion selon laquelle fumer est une activité essentiellement réservée aux adultes. Les fumeurs adultes sont une norme sociale, alors j’ai voulu attirer l’attention du spectateur sur le fait de fumer en lui-même. Je pensais que voir des enfants fumer donnerait l’impression de quelque chose de surréel au public et pousserait celui-ci à percevoir vraiment l’acte de fumer en lui-même plutôt que de tirer des conclusions sur la personne du fumeur. Par pure coïncidence, au moment de la première présentation de Smoking Kids, une loi est passée qui a interdit de fumer dans les bars belges. Il y a eu une vive réaction de la population face à cette intervention du gouvernement, arguant d’une attaque faite aux libertés, et de la manière dont on traitait les adultes comme des enfants. En raison des questions de santé qui poussent de nombreuses villes à interdire cette pratique, toute la culture touchant au tabac semble maintenant rétro. C’est comme de revenir à l’époque des Mad Men, durant laquelle fumer en avion ou dans un restaurant était tout à fait courant. L’esthétique de la fumée et de la manière si particulière dont les fumeurs gesticulent avec leurs mains et leurs corps ne peut être reniée, mais parmi les différentes tribus de Smoking Kid – Glamour, Jazz, et The Marginal – ces aspects sont moins séduisants, mettant en jeu la fine frontière entre la beauté et la laideur du geste du fumeur. Pour vous rassurer à propos de la santé des enfants, il n’y avait pas de vraie tabac sur le plateau. À la place, des bâtons de craie ou de fromage pour figurer les cigarettes, des bougies et de l’encens pour les volutes de fumée. Frieke Janssens est née à Bruges, en 1980. Elle a commencé des cours du soir de photographie à l’âge de 15 ans. Au cours de ses études de photographie à Sint-Lukas à Bruxelles, elle était principalement intéressée par les styles de vie, la sociologie et les stéréotypes, parce qu’elle avait l’impression de vivre dans deux mondes à la fois. Après avoir obtenu son diplôme en 2002, Frieke a immédiatement réalisé des travaux de commande, pour lesquels elle essaye de réaliser une histoire fascinante et dénuée autant que possible de clichés, ou utilisant ceux-ci de manière très consciente. Elle s’inspire de nombreuses choses comme des peintures, des comics, ou même le site internet d’une agence immobilière, et travaille avec un sens aigu du détail, de l’humour et du surréalisme. Ses photos rendent la manière dont elle s’imagine ses sujets dans sa tête. Frieke Janssen
L'accès à ce contenu est réservé exclusivement à nos abonnés. Si vous êtes déjà membre, vous pouvez vous connecter ci-dessous.
Abonnez-vous aux archives pour un accès complet à L’Œil de la Photographie !
Ce sont des milliers d’images et d’articles, documentant l’histoire de la photographie et son évolution au cours des dernières décennies, à travers un journal quotidien unique. Explorez comment la photographie, en tant qu’art et phénomène social, continue de définir notre expérience du monde.
Deux offres sont disponibles. Abonnez-vous à l’offre sans engagement pour 8 € par mois ou à l’offre à l’année pour 79 € (2 mois offerts).