Le 24 ou le 25 mars 2012, Frédéric Huijbregts met une fin volontaire à ses jours, « se sachant atteint d’une maladie lui faisant progressivement perdre la vue. » explique la dépêche de Nogent Citoyen à Nogent sur Marne où il est pensionnaire, dans sa « maison », la Cité des artistes.
Le 9 mars 2013, je découvre sa photographie par je ne sais quel détour d’une navigation, je tombe sur son site officiel. Je suis à la recherche d’images sur l’Espagne des années 60, 70 ou 80, par des photographes qui ne soient pas espagnols et avec de la chance parmi nous. Je découvre de très beaux clichés des Hurdes en Estrémadure, des paysans tous coiffés d’un béret et en pleine discussion, à l’exception du témoin, du shot. Une autre à Madrid, Marie en 1975 et aussi Charlie, Puerta de Hierro à Madrid. Sans date mais cette image n’a pas de temps.
Je cherche sur le journal, ne trouve rien donc j’envoie le nom avec lien sur le site officiel et quelques captures en suggestion pour compléter les clichés des brigades internationales avec un photographe contemporain. Mon sujet c’est : L’Espagne terre légendaire de la photographie.
La finalité de cette recherche étant pour juin 2013, les retours se font attendre, l’information ne s’arrête jamais, c’est comme « show must go on! ».
Une semaine plus tard exactement mon sujet me turlupine, je remets ça et ne m’arrête cette fois pas au site officiel, je lance une recherche tout vent… Waouh, il sort du Lycée Français de Madrid, je sautille! Puis, je tombe sur la dépêche de Nogent Citoyen.
Je remercie Margaux, sa fille d’avoir accueilli aussi chaleureusement ma requête pour le moins tourmentée, et de nous offrir aujourd’hui son père vu par elle et quelques clichés qu’elle a réunis dans l’urgence, des images déjà répertoriées par notre inconscient collectif, une inédite, enfin ce Charlie de la Puerta de Hierro à Madrid, l’apparition…
La minute de silence a probablement été observée depuis le commencement de cette histoire, je vais la finir en rendant hommage à sa vie d’éditeur d’ouvrages photographiques en fondant les Editions Terre Bleue dans les années 90 avec Alain Escudier. Puis à partir de 2004, avec son nouvel associé Jean-Louis Vibert, la réactivation de notre mémoire avec toutes les monographies que vous pouvez re-découvrir sur le site en lien ci-dessous.
« Il est important de faire renaître son héritage pour le monde de la photographie, et un an après sa disparition je me sens plus à même de participer à ce travail de mémoire, douloureux, mais essentiel pour lui comme pour moi. Il n’est plus physiquement parmi nous, mais ses photos restent et resteront à jamais. » écrit Margaux Huijbregts en m’envoyant les images le 20 mars 2013.
Lola Fabry
