Je photographie des personnages qui m’intéressent par leur élégance.
Leur élégance n’a rien à voir avec la mode parce que si l’on passe outre l’esthétique du vêtement, l’harmonie de l’arrangement, ou le talent que semblent posséder ces personnes pour mixer des vêtements industriels ou des fripes avec des éléments de l’esthétique tribale traditionnelle (bijoux, scarifications etc..), au-delà donc de la séduction recherchée, il se dégage de ces êtres une grâce, tout simplement.
Ce que je sens dans ces rencontres, c’est une conscience d’être, bien supérieure à la volonté d’être beau, telle que nous la vivons dans les sociétés occidentales, soumises à la dictature de la beauté physique.
Ici, l’esthétique est une émanation de l’être, pas sa finalité!!!.
C’est cette spontanéité que je recherche dans l’esthétique.
Ces personnages rencontrés dans le bush africain du SOUDAN DU SUD, aux marges du système capitaliste et au sein de sociétés traditionnelles en sursis, permettent d’observer des résultats de la mise en contact de systèmes sociaux différents: le métissage culturel s’inscrit sur les corps. C’est ce processus créatif qui m’intéresse, en tant que photographe.
Françoise Spiekermeier
Née en 1964 à Toulon, Françoise Spiekermeier a fait des études d’anthropologie sociale à la Sorbonne avant de devenir journaliste puis reporter photographe. Sa pratique du journalisme a été marquée par la volonté de restituer des faits dans leur totalité, d’où la pratique simultanée de l’écriture et de la photographie. Le thème de la beauté a toujours occupé une place importante dans son travail, même lorsqu’elle s’est intéressée aux zones de conflits, notamment la Tchétchénie. En 2009, elle s’est engagée dans un projet documentaire à long terme sur le style et la beauté commencé en Afrique.
